À la veille du 1er anniversaire de la révolution du sourire, les Oranais ont réitéré leur attachement aux revendications qu'ils portent depuis la première marche du 22 février 2019 : restitution du pouvoir au peuple et instauration d'un Etat civil, égalité des chances et respect des libertés. Les Oranais ont encore scandé ces valeurs, hier, à l'occasion de la 51e marche de la Révolution, en réclamant la libération des détenus du hirak : "Nous continuons de marcher parce que nous estimons que le pouvoir est toujours en place, qu'il continue d'imposer sa volonté aux Algériens et que le peuple n'a pas encore récupéré sa souveraineté", pendant que fusaient les indémodables "Vous avez pillé le pays, bande de voleurs", "Etat civil et non militaire" ou encore "Algérie libre et démocratique". Pour les centaines d'Oranais qui ont battu le pavé entre la place du 1er-Novembre et le siège de la wilaya, l'Algérie n'est pas encore libre et ne peut se prévaloir de la démocratie. "Lorsque l'on ne jettera plus en prison des citoyens parce qu'ils osent s'exprimer, que l'Algérien pourra manifester sans craindre des représailles, que les habitants de Sidi Bel-Abbès ou de Mascara auront le droit de sortir dans la rue, l'on pourra peut-être parler de pays libre. Pour le moment, il n'en est rien", a dénoncé un autre marcheur tandis que les portraits de Tabbou, Boumala, Nour El-Houda Oggadi et d'autres détenus étaient brandis aux côtés de pancartes fustigeant les figures du pouvoir, les partis de l'allégeance et certains médias lourds considérés comme des traîtres. Alors que des hirakistes d'Oran sont partis à Sidi Bel-Abbès pour soutenir les habitants locaux interdits de manifester depuis plusieurs semaines, des citoyens venus de Mohammadia, dans la wilaya de Mascara, ont participé à la marche d'Oran. "Depuis l'élection du 12 décembre, les manifestations sont interdites à Barigou (Mohammadia). Nous n'avons d'autre choix que de venir marcher ici à Oran", a expliqué l'un des manifestants en dénonçant ce déni de droit et en affirmant sa volonté et celle de ses compagnons de continuer la lutte quelles que soient les circonstances. À quelques jours de la commémoration de l'an 1 du hirak, qui promet d'être mémorable, les Oranais sont convaincus que la lutte n'est pas terminée et qu'il reste encore beaucoup d'étapes à franchir avant de parvenir à la république rêvée. Mais cela est loin de les décourager, eux qui ont bravé les pluies de l'hiver, la chaleur de l'été, le jeûne du Ramadhan, les tentatives de division et la répression policière. "Vous avez réveillé une génération qui ne connaît pas la reddition", pouvait-on lire sur une pancarte.