La chambre d'accusation de la Cour d'Oran, qui devait se prononcer, hier, sur le caractère criminel ou délictuel des accusations retenues contre Saïd Boudour, a reporté l'étude du dossier à la semaine prochaine sur requête de la défense qui en avait demandé l'ajournement pour pouvoir prendre connaissance de l'ensemble des éléments du dossier. Le cyberjournaliste et membre de la Ligue algérienne des droits de l'Homme est poursuivi pour les deux crimes d'"atteinte au moral des troupes" et "atteinte à l'intégrité du territoire national et à l'unité nationale" (articles 75, 79 du code pénal) et pour les délits de "diffamation, outrage aux institutions de l'Etat, offense au président de la République"…, soit les accusations prévues par les articles 144, 144 (bis), 145, 296, 298, 303, 303 (bis), 303 (bis1). Il est également poursuivi en compagnie du lanceur d'alerte, Noureddine Tounsi, pour les chefs d'accusation de tentative criminelle, menaces et tentative d'extorsion de fonds, suivant les articles 30, 286 et 371 du code pénal. Présentés devant la 5e chambre du tribunal correctionnel de Cité Djamel, le 7 octobre 2019, les deux suspects avaient bénéficié de la liberté provisoire, le juge d'instruction ayant estimé que Boudour et Tounsi présentaient des garanties de représentation et que leur liberté ne nuisait pas à la marche de l'instruction. Le procureur de la République avait fait appel, trois jours plus tard, auprès de la chambre d'accusation de la Cour d'Oran, en arguant du fait que l'élargissement des suspects risquait de nuire à l'évolution de l'instruction. Le 15 du même mois, la chambre d'accusation annulait l'ordonnance du magistrat instructeur, rendait un arrêt de placement sous mandat de dépôt de Saïd Boudour et la mise sous contrôle judiciaire de Noureddine Tounsi. Mais le cyberjournaliste n'a jamais été arrêté ni mis en prison. "Il y a bien eu un mandat de dépôt, mais aucune procédure n'a été engagée par le parquet pour l'exécuter. Et, du reste, aucun mandat d'arrêt n'a été émis contre lui", a expliqué Me Farid Khemisti. La semaine prochaine, la chambre d'accusation devra statuer sur les chefs d'accusation auxquels Saïd Boudour devra répondre. Dans le cas où les articles 75, 79 seraient retenus, il sera jugé par le tribunal criminel, autrement, il comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Cité Djamel.