Dans la matinée de jeudi, plusieurs centaines de citoyens de la daïra de Kherrata, à 60 km à l'est de Béjaïa, sont sortis dans la rue pour dénoncer haut et fort les incidents "graves" survenus, la veille, au village Snadla, dans la commune de Draâ El-Gaïd, et provoqués par l'intervention musclée des forces antiémeutes de la Gendarmerie nationale. Des gendarmes ont été, pour rappel, dépêchés sur les lieux pour rouvrir une station de pompage d'eau potable, qui se trouvait fermée par les habitants de Snadla en signe de protestation contre le "laxisme" et la "passivité" des autorités de la wilaya de Béjaïa. La marche de jeudi, qui a démarré vers 10h depuis la place de la Liberté-16-Février-2019, jouxtant le stade communal de Kherrata, a été appuyée par une grève générale des commerçants de cette ville historique. Parallèlement à cette action de rue, l'accès à cette ville a été fermé par la population au niveau des deux côtés de la RN9, soit au niveau du tunnel sis à l'entrée ouest de Kherrata et au lieudit Merouaha, situé à la sortie est de la même ville. Les manifestants, qui ont repris plusieurs slogans du Hirak, ont dénoncé ce qu'ils qualifient de "bavure militaire digne de l'époque coloniale". Une occasion pour les Hirakistes de la région de Kherrata de réitérer l'exigence du mouvement populaire en cours, à savoir "l'instauration d'un Etat civil et non militaire". Après avoir sillonné le centre-ville, la foule se rassemblera devant le tribunal de Kherrata, point de chute de la marche, où les manifestants ont insisté sur "la nécessité d'ouvrir une enquête judiciaire pour déterminer les circonstances et les responsables des incidents survenus le mercredi 26 février dernier à Snadla". Mettant en garde les pouvoirs publics contre "une éventuelle provocation dont les conséquences seraient alarmantes", les protestataires exigent, à ce titre, "le retrait immédiat des forces antiémeutes de la Gendarmerie nationale". Dans une déclaration rendue publique le jour même de la marche, les animateurs du mouvement populaire de la daïra de Kherrata condamnent cet "incident d'une gravité sans précédent", orchestré par un impressionnant dispositif des forces antiémeutes de la Gendarmerie nationale, "semant la terreur et le désarroi dans le village Snadla sans aucun avertissement préalable". Les rédacteurs dudit document estiment, en outre, qu'une telle "intervention musclée, sauvage et préméditée" contre des citoyens qui, depuis des années, réclament pacifiquement leur droit légitime au gaz naturel, "constitue une grave dérive et une bavure du régime autoritaire". Par ailleurs, ils déplorent les propos "racistes" qu'auraient tenus les gendarmes à l'égard des habitants du village Snadla, traités de "zouaves" et de "harkis kabyles". "Des propos racistes qui prouvent que ces incidents ne sont pas un simple dérapage, mais une opération de provocation bien préméditée", se sont-ils indignés.