La chambre d'accusation de la Cour d'Oran a examiné, hier matin, le dossier de Saïd Boudour et devra se prononcer, le 10 mars prochain, sur la criminalisation ou la "délictualisation" des accusations retenues contre lui. Explications : le cyberjournaliste et membre de la Ligue algérienne des droits de l'Homme est poursuivi pour "atteinte au moral des troupes" et "atteinte à l'intégrité du territoire national et à l'unité nationale" et pour les délits de "diffamation, outrage aux institutions de l'Etat, offense au président de la République"… Devant la chambre d'accusation, le représentant du ministère public a surpris son monde en requérant la requalification des faits, ce qui signifie, selon les avocats de la défense, que le parquet ne s'oppose pas au principe de "délictualisation" du dossier qui évitera un procès en criminel, et enverrait l'accusé devant le tribunal correctionnel de Cité Djamel. De son côté, le collectif de la défense a demandé la fin des poursuites, le dossier présenté par l'accusation "étant monté de toutes pièces contre un journaliste et lanceur d'alerte", selon les propos de Me Khemisti qui considère que les chefs d'accusation retenus contre Saïd Boudour "ne reposent sur aucun élément de preuve tangible". Pour rappel, Saïd Boudour et le lanceur d'alerte Noureddine Tounsi, poursuivi, lui, pour les chefs d'accusation de tentative criminelle, menaces et tentative d'extorsion de fonds, ont été présentés le 7 octobre 2019 devant la 5e chambre du tribunal correctionnel de Cité Djamel où le magistrat instructeur leur avait accordé la liberté provisoire. Sur appel du procureur de la République, la chambre d'accusation de la Cour d'Oran avait réexaminé le dossier, une semaine plus tard, et ordonné le placement de Saïd Boudour sous mandat de dépôt et la mise sous contrôle judiciaire de Noureddine Tounsi. Faute d'exécution du mandat de dépôt par le parquet, le cyberjournaliste n'a pas été arrêté.