Il y a moins d'une semaine, ils étaient une quarantaine. Aujourd'hui, avec 15 nouveaux cas de plus enregistrés en l'espace de 48 heures, ils sont 55 cas testés positifs au Covid-19, dont la plupart sont de Sidi Okba, la région la plus touchée par l'épidémie. Nul ne peut prédire combien ils seront dans les tout prochains jours. Une chose est toutefois sûre, la courbe des cas cumulatifs est jusque-là exponentielle. Sollicités à s'exprimer à ce propos, un nombre de praticiens hospitaliers et libéraux, dont certains se sont portés volontaires au chevet des patients du coronavirus, affirment à l'unanimité que le laisser-aller et le relâchement de la population face aux mesures préventives y sont pour beaucoup. Ainsi, l'infectiologue Nedjma Reddas, de l'unité Covid de l'hôpital de référence Hakim-Saâdane, et son collègue, le pneumologue Nabil Cheriet, après avoir dressé un constat alarmant sur l'évolution de la maladie et la façon virulente dont elle s'en prend à ses victimes, se disent moins optimistes quant à la maîtrise de l'épidémie en un laps de temps réduit, pointant un doigt accusateur vers l'indifférence, l'insouciance et l'inconscience de la majorité écrasante des citoyens. Ils exhortent à cet effet aussi bien les responsables que la population à faire preuve de plus de vigilance et de sens des responsabilités, notamment avec la mesure de la levée des restrictions de fermeture concernant plusieurs commerces, ce qui ne sera vraisemblablement pas sans conséquence en termes de propagation de la maladie. "Vu cette nouvelle mesure socioéconomique, la distanciation sociale et la généralisation du port de bavette, de masque et de gants sont indispensables et sont une condition sine qua non si l'on a vraiment la volonté d'en finir avec cette pathologie. Il importe donc de mettre le masque en sortant de chez soi. L'on doit, de surcroît, respecter la distance de sécurité", recommandent nos interlocuteurs. À une question portant sur l'efficacité de la chloroquine, laquelle, selon les échos, a donné des résultats probants, ces praticiens expliquent que "ce protocole de traitement, bien qu'efficace, ne donne les résultats escomptés qu'au début de la maladie". "Certains patients hospitalisés en réanimation se sont présentés à la consultation à un stade avancé, ce qui rend moins efficace le processus de prise en charge. Sachons que les soignants ont affaire à un adversaire non visible, un tueur silencieux", soulignent-ils. Concernant la fiabilité des tests PCR effectués, le pneumologue Nabil Cheriet fait savoir qu'"il est difficile de recenser avec exactitude le nombre des malades infectés, vu que les tests ne sont pas fiables à 100%. Ils ont donné dans de nombreux cas de faux positifs, d'où le recours au scanner thoracique qui s'avère primordial dans le dépistage et le diagnostic rapide. Cela nous permettra de prendre en charge précocement les patients, en entreprenant le protocole thérapeutique au stade précoce de l'infection". De son côté, Dr Nafaa Khireddine, lequel estime que la réouverture des commerces n'arrange pas les choses, renforce les propos de ses confrères, tout en mettant l'accent sur un confinement sanitaire strict. "Très sincèrement, à l'heure actuelle, le seul et unique moyen d'enrayer ou du moins freiner cette pandémie à Biskra demeure le confinement, mais un confinement sérieux avec sorties réglementées. C'était ce que l'on espérait avant la décision de libérer plusieurs types de commerces, qui vont drainer des foules de personnes non masquées, sachant que le Covid-19 est là, aux aguets. Alors, le meilleur moyen demeure la prévention, car malheureusement il n'y a pas de traitement", a-t-il insisté.