La poursuite des intimidations à l'endroit des activistes de la révolution populaire ne cesse visiblement d'exaspérer la population de la wilaya de Tizi Ouzou où, après les localités de Tizi Gheniff, des Ouacifs et de Tigzirt où des manifestations ont déjà eu lieu la semaine dernière, voilà que la ville de Drâa Ben-Khedda a été, dans la soirée d'avant-hier, le théâtre d'une marche nocturne pour dénoncer les intimidations policières qui se poursuivent pendant que la population s'est astreinte aux règles de confinement. Ils étaient plusieurs centaines d'habitants de Drâa Ben-Khedda à envahir l'artère principale de la ville pour prendre part à cette manifestation qui a débuté peu après 21h. Selon certains habitants, contactés hier, l'interpellation, dans la matinée, par les services de sécurité de Mehdi Bougharbi, un jeune de Bouira habitant à Tizi Ouzou, a été la goutte qui a fait déborder le vase, sinon l'intimidation de trop qui a conduit les habitants de cette localité à violer les règles du confinement pour sortir ainsi spontanément crier leur colère dans la rue. Tout au long de cette manifestation qui a duré jusque tard dans la soirée, la foule ne cessait de scander des slogans appelant à la cessation des intimidations policières contre les activistes du hirak et à libérer les détenus d'opinion qui croupissent encore dans les prisons du pouvoir. "Libérez nos enfants, ils n'ont pas vendu de drogue", "Vous ne nous faites pas peur avec vos convocations, nous qui sommes habitués à la misère et la dictature", "Quand cessera le corona, on reviendra poursuivre le combat que nous avons entamé", "Nous sommes les descendants d'Amirouche, on ne reviendra pas en arrière", scandait la foule, tout en sillonnant les axes principaux de cette ville où 23 personnes ont été déjà convoquées par la police en février dernier dans l'affaire de la fermeture du siège de la daïra à la veille de la présidentielle du 12 décembre dernier. Pour rappel, une première marche depuis le début du confinement a déjà été organisée le 10 mai dernier dans la ville de Tizi Gheniff où la population locale a tenu, malgré le contexte sanitaire, à exprimer son soutien à cinq activistes du mouvement populaire convoqués par la police. Cinq jours plus tard, soit le 15 mai, c'est la population des Ouacifs qui a organisé une manifestation nocturne pour dénoncer les dépassements de la police. Parallèlement à ces manifestations, les habitants de Tigzirt ont organisé plusieurs rassemblements, devant le siège de la sûreté de daïra locale et devant la sûreté de wilaya, à Tizi Ouzou, en soutien à deux jeunes convoqués par la Brigade de lutte contre la cybercriminalité à la suite de leurs publications sur les réseaux sociaux.