Des dizaines de travailleurs de ce centre hospitalo-universitaire ont organisé, jeudi, un sit-in devant la direction des activités paramédicales et médicales de l'établissement. Le personnel du CHU de Constantine dénonce ce qu'il qualifie de "très mauvaise gestion de la crise sanitaire au CHU, les mauvaises conditions de travail" en accusant l'administration "d'être restée insensible et d'avoir fait la sourde oreille à leurs revendications". Cette action de protestation intervient suite à l'appel du collectif intersyndical de l'hôpital universitaire, dont le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) et l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), qui dénonce, dans un communiqué adressé à la direction de l'hôpital et rendu public, "le retard enregistré dans le versement des salaires du mois de juillet et de la prime de contagion, instaurée par le président de la République dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, la mauvaise gestion de la crise sanitaire au sein du CHU, le manque criant des moyens de travail et de protection, l'élargissement de la prime de contagion aux corps communs, la régularisation des contractuels et des vacataires pour leur permettre d'exercer convenablement leur métier, le manque de personnel et l'insécurité au sein de l'hôpital". Aussi, parmi les principaux griefs formulés à l'administration de l'hôpital, on relève "l'absence de dialogue, la négligence et l'abandon du personnel contaminé par la Covid-19, notamment en ce qui concerne l'examen, le scanner et les analyses PCR, ainsi que le confinement sanitaire au sein des différents hôtels réquisitionnés à cet effet, et le refus inexpliqué des congés de maladie et d'arrêt de travail". Dans le même communiqué, le collectif évoque également "la privation de congés exceptionnels des femmes enceintes et celles qui ont des enfants à charge de moins de 14 ans, les sanctions abusives contre les travailleurs des différents corps, la mauvaise exploitation des ressources humaines et matérielles, ainsi que la désignation de personnes non qualifiées pour gérer les différentes unités dédiées à la prise en charge des cas de Covid-19". Après un sit-in d'une trentaine de minutes, les protestataires, tout en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Les travailleurs du CHU en danger", "La mauvaise gestion a conduit le CHU à une situation lamentable" et "Où sont nos droits ?", ont, par la suite, marché dans l'enceinte de l'hôpital en scandant des slogans hostiles au directeur de l'établissement. Kahouadji Cherif, secrétaire général du Syndicat des paramédicaux, affirme que "cela fait plus de quatre mois que nous avons lancé une alerte sur la situation déplorable du CHU, la crise de la Covid-19 au niveau de cet hôpital est très mal gérée, le personnel travaille dans des conditions extrêmement difficiles, il y a un manque d'équipement et de moyens de protection, de kits de dépistage, de réactifs et d'oxygène. On manque de tout. Nous sommes dépassés par l'explosion du nombre de patients atteints de la Covid-19 et qui augmente chaque jour davantage, la maladie s'est propagée dans tous les services. Nous avons au moins 200 employés qui sont atteints du virus dont la plupart sont confinés à domicile par manque de place. L'hôpital fonctionne sans aucune stratégie même pas avec un système de rotation". Et d'expliquer : "Maintenant, la direction a annulé le confinement dont bénéficie le personnel mobilisé pour la prise en charge des patients infectés par la Covid-19, les travailleurs sont orientés vers un autre service après une seule journée de repos. À ce rythme, nous risquons une contamination générale." Une infirmière présente sur les lieux dira : "Nous avons décidé de protester afin d'alerter les autorités de la wilaya des difficultés que nous avons avec le partenaire social, et elle leur a fait part des différents problèmes auxquels elle fait face." Ines Boukhalfa