Un colloque national des "Hakawati" (conteurs) s'est tenu, lundi, à la salle de conférences Lakhdar-Essaïhi de la bibliothèque nationale d'El-Hamma. À cet effet, les intervenants ont profité de l'occasion pour dénoncer "l'indifférence" qui entoure leur métier. Invité également pour un intermède narratif organisé dans le cadre de "La rentrée culturelle", les conteurs ont profité de l'aubaine pour évoquer la condition sociale peu reluisante de certains d'entre eux en matière de revenus et de couverture sociale. Et cela va de mal en pis, surtout lors du confinement dû à la Covid-19, où "nul fonctionnaire du ministère de la Culture n'a daigné se soucier de leur précarité sociale", a déclaré le conteur Fayçal Belatar. "Et rien que pour cela, je ne conterai plus sous l'égide de qui que ce soit et surtout pas à titre gracieux ! Du fait que j'ai souffert, à l'instar de mes collègues, de l'isolement mais aussi de l'abandon, source de disette", a ajouté le conférencier, qui a donné lecture d'un manifeste à l'assistance. "Le conte doit faire partie intégrante de l'école, des bibliothèques municipales et se doit d'être intégré dans les lieux de convivialité, tels que les théâtres. Ce n'est qu'à la satisfaction de ces préambules que la parole et le récit seront hissés au rang des arts", a déclaré le conférencier, qui était assisté des conteurs Mahi Seddik et Bensmicha Kada. Mais pas que, du fait qu'à l'issue d'un débat à bâtons rompus, il a été décidé d'adresser une plate-forme au ministère de tutelle, où il est fait mention des desiderata des conteurs, dont la liberté d'investir les places publiques comme cela se fait sous d'autres cieux ainsi que les maisons de culture et des salles de spectacle qu'il est temps de rénover. Outre cela, nos "rawi" exigent également la tenue d'un festival du conte, ainsi que l'organisation de sessions de formation et des résidences d'écriture. Conséquemment à la liberté d'organiser des spectacles, nos narrateurs réclament l'établissement d'un fichier national de conteurs et l'inauguration d'une maison du conte et des arts de l'oralité. Pour atteindre ce résultat, il est requis d'engager une réflexion autour du statut du conteur, car n'est pas conteur qui veut. En effet, l'art de conter requiert d'avoir le mot qui envoûte et qui enchaîne l'auditeur aux lèvres du conteur, a dit Mina Belmihoub. De plus, le conteur n'a d'autre partenaire et d'outil que sa voix mais aussi son corps en scène, a ajouté Assia Lafi la conteuse. À ce propos, la gestuelle est son atout roi pour offrir du rêve à l'auditoire avec, de temps à autre, l'exigence d'esquisser le sourire ou les larmes selon la thématique qu'il puise de l'oralité du terroir. Autrement dit, le conteur convie son auditoire à l'évasion avec, au bout du voyage, la morale qui chute avec une happy end ou une fin tragique, c'est selon, a-t-on su de Sihem Arafa Kennouche. Toutefois, le conte sur scène est l'épreuve majeure où il (le conteur) se doit de créer l'harmonieuse osmose scénique qui le fidélise à son public, a ajouté la conteuse Djamila Hamitou d'Oran. Donc, c'est forts de ces tâches sommaires que les présents ont décidé de ne compter que sur eux-mêmes pour se faire une place sur la scène artistique.