Une partie des Libyens s'oppose frontalement au texte de la Constitution de 2017, objet de nombreuses frictions au sein du parlement exilé à Tobrouk. La première rencontre ayant réuni, les 10 et 11 octobre au Caire, des représentants du Parlement et du Haut conseil d'Etat libyens autour du projet de la nouvelle Constitution s'est soldée par un échec, ont indiqué des sources proches du dossier à des médias locaux. Les deux parties se sont contentées de publier une déclaration commune promettant de se revoir pour discuter des points de discorde. Le différend entre les deux délégations réside en effet dans le refus des représentants du Haut conseil d'Etat (Tripoli) d'apporter des modifications au texte présenté en 2017, estimant que le temps presse, alors que l'ONU prépare un dialogue interlibyen inclusif pour novembre, devant ouvrir la voie à la tenue de nouvelles élections qui permettraient à la Libye de sortir d'une décennie de guerre civile. "Le différend entre les deux délégations était centré sur le désir des représentants de la Chambre des représentants d'apporter des amendements au projet de Constitution, qui a été préparé en 2017, avant qu'il ne soit soumis à un référendum populaire. Le Conseil d'Etat a déclaré que si le projet est ouvert pour amendement à l'heure actuelle, il ne fera pas l'objet d'un accord, et l'ensemble du projet s'effondrera en raison de la multiplicité des opinions au sein de la société libyenne", a expliqué Abdelkader Ahwili, membre du Haut conseil d'Etat, cité par le journal londonien Al-Sharq Al-Awsat. Par l'autre partie, une révision du texte actuel risque de durer dans le temps, ce qui n'est pas pour rassurer les Libyens, et pour faire avancer le processus de sortie de crise, dans l'impasse depuis des années, en raison notamment de l'ingérence étrangère et des rivalités tribales et régionales. Pour aplanir ce différend, la Manul (Mission d'appui de l'ONU à la Libye) a proposé d'amender le texte dans sa première mouture (2017) mais en obtenant au préalable l'engagement des Libyens à le réviser d'ici trois ans, sous l'égide de la communauté internationale. "La mission de l'ONU est intervenue pour trouver un règlement entre les deux délégations et a proposé d'accepter le projet dans son état actuel pour une période de trois ans, puis de le soumettre pour amendement, avec des garanties internationales pour que cet amendement soit apporté", a expliqué la même source, soulignant toutefois que les représentants du Parlement basé à Tobrouk ont rejeté la proposition onusienne sur l'amendement d'un texte au contenu déjà rejeté par une partie des Libyens. La réunion du Caire intervient dans le cadre du dialogue inter-libyen annoncé la semaine dernière par l'envoyée spéciale par intérim du SG de l'ONU en Libye, Stephanie Williams, et qui aura lieu à Tunis, début novembre prochain. L'ONU a imposé comme condition la participation de l'ensemble des composantes politiques, régionales et tribales libyennes, mais les participants s'engageront à ne pas se présenter à des postes gouvernementaux, leur mission étant de jeter les jalons d'une nouvelle assise politique pour le pays et mettre fin à la guerre civile. La Manul a prévu pour ce dialogue des discussions par visioconférence et des réunions directes, en menant parallèlement déjà plusieurs rencontres entre sa cheffe Stephanie Williams et différents acteurs de la crise en Libye.