Le ministre français de l'Education, Gilles de Robien, a rassuré. La loi ne sera pas transcrite dans les programmes des collèges et lycées de l'Hexagone. Les autorités françaises semblent avoir pris la mesure de la gravité de la très controversée loi du 23 février 2005, glorifiant la présence de leurs troupes en Afrique du Nord, notamment. Dans une interview publiée hier par Le Journal du Dimanche (JDD), le ministre de l'Education de l'Hexagone, Gilles de Robien, dissipe toute appréhension : la loi du 23 février qui glorifie le rôle positif de la colonisation française outre-mer et en Afrique du Nord “n'implique aucune modification des programmes actuels d'histoire”. C'est en soi une bataille de gagnée pour les opinions publiques algériennes et même françaises qui ont violemment dénoncé le contenu “révisionniste”, de cette loi votée par l'Assemblée nationale française. Et pour cause, savoir que les collégiens français, mais surtout ceux d'origine algérienne, ne seront pas abreuvés de cette littérature guerrière développée dans cette loi à relents fort racistes est déjà un réconfort avant son éventuelle abrogation pure et simple. La levée de boucliers suscitée des deux côtés de la rive par ce texte a dû lourdement peser dans la balance. Le fait est que l'éducation nationale française ne veut sans doute pas rajouter de l'huile sur le feu. Ainsi donc, le fameux article 4 de la loi stipulant que les programmes scolaires français “reconnaissent (...) et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit” est nul est non avenu, selon M. Robien. Pour lui, cette disposition “n'implique aucune modification des programmes actuels d'histoire qui permettent d'aborder le thème de la présence française outre-mer dans tous ses aspects et sous tous ses éclairages”. “Il n'y a aucun domaine d'histoire officielle. En revanche, il y a des programmes officiels, arrêtés par le ministre”, précise encore le ministre français de l'Education. Gilles de Robien affirme que les programmes d'histoire sont élaborés par “des groupes d'experts composés d'universitaires, d'inspecteurs généraux et d'enseignants qui offrent toutes les garanties de qualité scientifique et pédagogique”. Une manière peut-être de couper l'herbe sous les pieds des politiques au profit de scientifiques qui n'ont aucun a priori sinon pédagogique et scientifique. Les enseignants d'histoire et les historiens furent les premiers à ouvrir les hostilités juste après la promulgation de cette loi dénonçant “le mensonge officiel”. Et à l'occasion de la commémoration des douloureux massacres commis le 17 octobre 1961, l'Union des Algériens de France (UAFE) renouvelle sa ferme condamnation de la loi du 23 février 2005 qui glorifie le passé colonial de la France. Dans une déclaration rendue publique hier, l'UAFE dit exprimer “le sentiment de toute la communauté algérienne de France à demeurer vigilante (…) et à dénoncer cette loi négationniste qui porte gravement atteinte à la mémoire des centaines d'Algériens”. HASSAN MOALI