■ Déjà dans l'air depuis la semaine dernière lorsque la mobilisation populaire a connu un recul significatif, la décision de suspendre les marches du vendredi, suite à la dégradation de la situation épidémiologique dans la région, est entrée en application, hier, à Tizi Ouzou et à Béjaïa, où aucune tentative de manifester n'a été enregistrée. A l'heure habituelle de départ de la grande manifestation du vendredi, l'esplanade du stade du 1 er Novembre à Tizi Ozuou, où les manifestants avaient pour habitude de se regrouper, était restée déserte. Idem pour tout l'itinéraire de la marche où de nombreux participants avaient pour habitude d'attendre le flot humain pour s'y engouffrer. Cette suspension des actions de rue était, à vrai dire, prévisible tant les appels émanant même des militants les plus inconditionnels du mouvement populaire ont été nombreux ces derniers jours. Cette option s'est encore précisée davantage avant-hier après l'appel lancé par les avocats connus pour leur engagement dans la défense des détenus d'opinion. "Nous avocats, membres du collectif de défense des détenus d'opinion de Tizi Ouzou, appelons et exhortons les militants, les activistes et les citoyens à suspendre momentanément les marches du vendredi et mardi à travers tout le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou", lit-on dans l'appel en question. A Béjaïa, le Hirak a opté également pour la trêve sanitaire. Sa 128e marche des vendredis n'a pas eu lieu pour cause de rebond de l'épidémie de coronavirus dans la région. Il est vrai tout de même qu'il y avait aux alentours de la maison de la culture Taous-Amrouche quelques dizaines de militants du Hirak, qui attendaient la sortie des fidèles de la mosquée El Kawthar, pour tenter une marche sous l'œil scrutateur de quelques policiers. Mais les fidèles n'étaient pas branchés. En effet, hormis quelques militants, une vingtaine environ, qui se sont mis à scander "Dawla madania machi aâskaria" "Etat civil et non militaire", la grande majorité a décroché. Il faut dire que les appels à "la sagesse" lancés sur les réseaux sociaux ont aussi pesé. "La situation sanitaire est inquiétante, pour préserver la santé publique, je pense que nous devons réfléchir à une trêve sanitaire et à suspendre les marches de vendredi en Kabylie", écrit sur sa page Facebook, le vice-président de la LADDH,Saïd Salhi.