Près de 11 millions d'élèves s'apprêtent à faire leur rentrée scolaire pour l'année 2021-2022 dans un contexte marqué par la persistance de la crise sanitaire. Une lourde opération pour le ministère de l'Education nationale et une épreuve difficile pour les parents d'élèves. Préparer une rentrée scolaire n'est jamais une sinécure. Une lourde opération. La tâche est immense au regard de la population scolaire. Près de onze millions d'élèves et plus de sept cent mille fonctionnaires répartis sur trente mille établissements. Elle est encore plus complexe cette année en raison de la persistance de la crise sanitaire. Ce qui avait poussé le gouvernement à la reporter au 21 septembre prochain. Au ministère de l'Education nationale, les équipes travaillent jusque tard dans la nuit pour être à l'heure le jour de la rentrée. C'est encore plus dur pour les élèves, leurs parents et le corps enseignant. Entre la campagne de vaccination qui peine, la surcharge des heures de travail et le manque de moyens pédagogiques, les syndicats de la famille de l'éducation sont unanimes à dire que peu d'avancées ont été faites si on se réfère aux annonces et aux promesses. Reportée une première fois au 21 septembre prochain, la rentrée scolaire 2021-2022 pourra-t-elle être retardée de nouveau ? Si l'information est toujours au stade des probabilités, elle risque fort de se concrétiser pour peu que les problèmes soulevés par les différents syndicats autonomes de l'éducation ne soient pas résolus à temps. Et les difficultés ne manquent pas à en croire le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste) et le Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). Cet état de fait serait suffisant pour remettre en cause une rentrée qui s'annonce des plus problématiques. Parmi les dossiers en suspens, on peut citer entre autres l'opération de vaccination, la disponibilité des moyens ou encore le volume horaire poussant ainsi les syndicats à s'interroger sur l'opportunité d'une rentrée à la date fixée par la tutelle. Concernant un éventuel report de la date de la reprise, le porte-parole du Cnapeste, Messaoud Boudiba, affirme que pour le moment, "il ne s'agit que de rumeurs et que jusqu'à présent ils n'ont rien reçu d'officiel". Quant à la vaccination du personnel de l'éducation nationale, administratif et pédagogique, qui est au point mort selon les premières estimations, il pense que si toute la stratégie de la tutelle se base sur cette question de vaccination, "c'est un échec d'avance" expliquant que ce n'est pas un problème inhérent aux gens du secteur mais concerne le libre arbitre des personnes. "Celui qui veut se vacciner le fait, celui qui est contre ne le fait pas, on ne peut pas obliger quelqu'un à se faire vacciner", explique-t-il. Toujours à ce propos, il indique que des personnes désireuses de se faire vacciner contre la Covid-19 doivent attendre trois mois pour le faire si elles ont déjà été en contact avec le virus et conclut qu'on ne peut pas lier la rentrée à la vaccination qualifiant cette approche "d'erreur stratégique". Pour Boualem Amoura, le président du Satef, la campagne de vaccination n'a pas connu un grand engouement du fait que "les Algériens dont les enseignants sont réticents", précisant que l'absence de points de vaccination réservés pour les travailleurs de l'éducation nationale a joué sur cette désaffection. Du côté du Syndicat des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapeste), son coordinateur national, Meziane Meriane, estime que la campagne de vaccination a commencé en retard et que les réticences personnelles ainsi que tout ce qui se raconte autour des effets secondaires des vaccins l'a plombée. Est-ce qu'il y aura report pour autant ? Pour le Satef "et même s'il n'y a rien d'officiel concernant un éventuel report de la reprise des cours, tous les problèmes que nous rencontrons actuellement (emplois du temps non confectionnés, l'inscription des élèves qui n'a pas encore débuté...", n'augurent rien de bon pour cette rentrée. Quant au Snapeste, il pense que la date de la rentrée des classes sera maintenue au 21 "comme prévu" et s'il y a eu un premier décalage, "c'est pour mieux appliquer sur le terrain le protocole sanitaire et prendre certaines mesures pour la réussir". Pourtant, Meziane Meriane indique qu'entre "la volonté et le terrain", il faudra aussi mettre les moyens. "Les responsables doivent être conscients des enjeux et ce n'est pas avec de vains mots qu'on réussira l'année scolaire". Pour le Cnapeste, on est moins en nuances puisque, selon Messaoud Boudiba, "on peut accepter de retarder cette rentrée à cause des moyens humains et matériels (postes pédagogiques, classes) que la tutelle n'est pas en mesure d'assurer". Le porte-parole du Cnapeste affirme que "les données premières recueillies après la reprise des enseignants, mardi dernier, indiquent que la plupart d'entre eux appréhendent cette rentrée des classes particulièrement sur la question de la charge horaire". Un constat partagé par les trois syndicats qui demandent l'ouverture de postes budgétaires pour résorber ce problème. "La plupart des enseignants sont concernés par les heures supplémentaires, un problème déjà rencontré l'année dernière et ce n'est pas pour le revivre que nous avons demandé d'ouvrir des postes budgétaires", précise Messaoud Boudiba. Pour sa part le Satef abonde dans le même sens, évoquant le problème de la durée de la séance. "Les enseignants ne peuvent pas travailler 32 heures par semaine", souligne Boualem Amoura appelant à la création de nouveaux postes budgétaires. Un sujet également abordé par Meziane Merine qui a déclaré avoir discuté avec le ministre de l'Education nationale à ce sujet. "Je lui ai fait part de cette contrainte car si on surcharge l'enseignant, on réduit son efficacité et son rendement. Il m'a répondu que le nombre des séances équivaudra au volume horaire. Ainsi pour 20 heures de travail, l'enseignent devra assurer 20 séances au lieu de 24 l'année dernière", explique-t-il encore. "Le cas échéant, on a demandé à avoir des postes budgétaires", ajoute notre interlocuteur. Pourtant, face à ce problème de charge horaire, le Cnapeste affirme que la tutelle n'a trouvé d'autre solution "que d'alléger les programmes, de diminuer le volume horaire des matières, ce qui impacte négativement sur le niveau scolaire des apprenants et met en difficulté l'enseignant".