L'un des plus importants syndicats autonomes de l'éducation nationale dresse un tableau peu reluisant de la situation que vit le secteur, surtout dans ce contexte de pandémie de Covid-19 qui a tout chamboulé depuis deux ans. Les syndicalistes du Cnapeste et représentants de 50 wilayas du pays se sont donné rendez-vous au lycée Frantz-Fanon de Boumerdès pour tenir leur conseil national de deux jours. Les travaux de ce conclave ont débuté hier et se poursuivent aujourd'hui pour débattre et faire une première évaluation de la situation qui prévaut dans les établissements scolaires, et ce, un mois après la rentrée scolaire. Ce conseil, national faut-il le rappeler, a été précédé par la tenue des assemblées générales des syndicalistes affiliés au Cnapeste dans chaque établissement scolaire à travers le territoire national. Celles-ci ont été sanctionnées par des rapports exhaustifs qui, à leur tour, ont été soumis pour débat, lors des conseils des wilayas tenus juste après. "Le conseil national, en sa qualité d'instance délibérante, va prendre connaissance, lors de ce conseil national, de la situation qui prévaut au sein des établissements tous paliers confondus. Elle se fera à travers la présentation des rapports d'évaluation et la collecte des données qui concerne cette rentrée scolaire de septembre 2021, établis par nos représentants syndicaux au niveau de chaque wilaya. De là, nous déciderons de la stratégie et de la démarche à suivre à court, moyen et long termes", a déclaré à Liberté Messaoud Boudiba, secrétaire national chargé de la formation et de la communication du Cnapeste. S'agissant des principales revendications de la corporation, Messaoud Boudiba a évoqué l'impératif lié à l'ouverture de nouveaux postes budgétaires que son syndicat réclame, rappelle-t-il, depuis juillet 2020. Cela pour, d'une part, pallier le déficit d'encadrement pédagogique et, d'autre part, soulager le staff enseignant du volume horaire important dispensé actuellement. Pointant du doigt l'application du protocole sanitaire au niveau des établissements scolaires, ce responsable indique que des classes composées de plus de 30 élèves ont été constituées cette année pour soi-disant réduire le volume horaire des enseignants. Cette décision fait abstractions des mesures barrières et ne tient pas compte de la distanciation physique. "Est-ce vraiment la solution, il aurait fallu plutôt procéder à l'ouverture de nouveaux postes budgétaires ou de recourir au recrutement d'enseignants vacataires", a suggéré ce responsable. Quant à l'épineux problème des infrastructures pédagogiques, Messaoud Boudiba a dénoncé un état des lieux jugé déplorable et ne fait, à l'occasion, que confirmer un constat peu reluisant déjà établi. En effet, entre des établissements qui ont doublé, voire triplé, leurs capacités d'accueil, d'autres en éternel chantier, certains classés rouge par le CTC, sans oublier les établissements qui contiennent de l'amiante, la situation n'est guère reluisante. Une situation accentuée par un déficit en matière d'inscription de nouveaux projets ou les retards considérables concernant la réalisation des programmes lancés. Le manque d'encadrement au niveau de ces établissements n'est pas en reste, a-t-il ajouté, puisque beaucoup d'établissements font face à ce problème. Concernant le volet social de la corporation, ce responsable syndical a rappelé que l'augmentation des salaires, la revalorisation du point indiciaire, la prime de zone, l'accès au logement et à la médecine du travail ont toujours été sans cesse au menu des revendications du Cnapeste. "Pour les perspectives, le conseil national, qui se tient à Boumerdès, va déterminer la démarche et le plan d'action à suivre en fonction des problèmes qui seront posés lors de ce conclave", a précisé M. Boudiba, qui a souligné que le Cnapeste est également une force de propositions. "Nous sommes confrontés à une mauvaise volonté de la part de la tutelle. Pour preuve, lors de l'année scolaire précédente, on n'a pas revendiqué uniquement l'augmentation des salaires, mais on a proposé à la tutelle, au mois d'avril dernier et en signe de bonne volonté, de revoir le régime indemnitaire qui stagne depuis 2010, et faire bénéficier la corporation de certaines primes non octroyées aux personnels du secteur de l'éducation contrairement à d'autres, comme la prime de logement, de transport et de panier, en vain." Notons, enfin, qu'à la fin de la seconde journée, les travaux de ce conseil national du Cnapeste seront sanctionnés par un communiqué qui sera rendu public et qui va porter sur les décisions du conseil et les actions à envisager pour la prise en charge de ces multiples revendications.