Signé en mai-juin 2015, l'Accord de paix au Mali devait être mis en œuvre dans les six mois ayant suivi sa conclusion, mais sur le terrain peu de choses ont bougé, du temps du défunt président Ibrahim Boubacar Keïta que les militaires ont chassé du pouvoir le 14 août 2020. La mise en œuvre de l'Accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du Processus d'Alger, n'a pas avancé d'un iota, regrettent les mouvements de l'ex-rébellion, dans un contexte de blocage politique à Bamako, où la junte au pouvoir n'a toujours pas décidé de fixer une nouvelle date pour la fin de la transition. Dans un communiqué de son Comité directeur, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) affirme qu'elle "regrette l'absence totale de progrès dans la mise en œuvre de l'accord durant cette période de transition qui vient d'épuiser sa période d'existence 'légale', prévue en février dernier". La CMA, qui regroupe au moins trois groupes signataires de l'Accord d'Alger, estime dans son communiqué que "la mise en œuvre de cet accord a souffert de la mauvaise foi du gouvernement malien malgré sa prise en compte par la charte de la transition", qui vient d'accorder à la junte trois autres années de sursis avant de remettre le pouvoir aux civils, alors que l'organisation régionale des pays ouest-africains s'y est complètement opposée, imposant de sévères sanctions contre le Mali, dont un embargo terrestre et aérien. Aussi, "la CMA regrette et dénonce une posture médiatique autant belliqueuse que diffamatoire, portée par des membres de la haute sphère étatique et qui sont de nature à entretenir une confusion autour de sa mise en œuvre", lit-on encore dans ce document diffusé sur les réseaux sociaux, à l'issue d'une réunion d'évaluation de la CMA qui "invite le gouvernement malien à clarifier instamment et de façon claire et officielle sa position définitive par rapport à l'application de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du Processus d'Alger". Signé en mai-juin 2015, l'Accord de paix au Mali devait être mis en œuvre dans les six mois ayant suivi sa conclusion, mais sur le terrain peu de choses ont bougé, du temps du défunt président Ibrahim Boubacar Keïta que les militaires ont chassé du pouvoir le 14 août 2020, profitant de la colère d'une partie de Maliens qui ont manifesté durant presque quatre mois contre lui et son entourage, accusés d'incompétence et de corruption. Allant loin dans sa déclaration, la CMA adopte un ton menaçant, en prenant à témoin l'actuelle gouvernement malien de transition et la communauté internationale, affirmant que "l'Accord pour la paix et la réconciliation issu du Processus d'Alger est un engagement politique et juridique assumé par toutes les parties signataires et, est le seul lien entre le Gouvernement et les Mouvements de l'Azawad", avant d'appeler à ce propos "la médiation internationale à noter cette demande de clarification et à prendre acte du contenu d'une potentielle réaction du Gouvernement de transition et/ou de son silence". C'est la première fois que la CMA affiche un tel ton face à la junte et à son chef Assimi Goïta, qui assume aussi le rôle de Président de transition, alors qu'il s'était engagé à tout faire pour la sauvegarde de cet accord, arraché après deux ans d'âpres négociations et dont la mise en œuvre connaît de nombreux blocages.