Le rapport entre la peinture et le texte, particulièrement la poésie, a été au centre de la conférence animée, dimanche au cercle Frantz-Fanon (Ryad El Feth), par l'artiste peintre Ali Silem sous le titre “Peintres et poètes en Méditerranée, complicité créatrice''. “Le livre de bibliophilie naît de ce miracle que constitue le face-à-face entre deux arts, le plaisir de deux créateurs en vis-à-vis, le désir de partager'', a indiqué dans son introduction Ali Silem pour qui ce “phénomène relève d'une alchimie difficile à définir''. “Livre de dialogue, mi-livre de peintre, mi-livre de poète'', dans ce document, les deux parts, a-t-il dit, “se donnent la réplique et s'écoutent l'une l'autre sans jamais entraver la liberté créatrice de l'une ou de l'autre''. “Les poètes et peintres d'aujourd'hui tentent de faire dialoguer ces deux formes d'expression et ils le font selon des modalités diverses'', a-t-il dit. Parmi ces duos “exemplaires'' formés par des artistes qui “chevauchent de connivence l'imaginaire'', le conférencier a cité Sénac, Benanteur, Martinez, Laghouati, Bencheikh Silem. Parlant de Abdallah Benanteur, qui a réalisé plus de 300 livres de bibliophilie et de livres d'artistes, Silem a indiqué qu'après Diwan de mâle (1960) et Matinale de mon peuple' (1961) de Jean Sénac, suivi de Hasard sublime à définir la poésie de Henri Kréa, le plasticien “s'est lancé dans un tour d'horizon mondial de la poésie'' en allant de Omar Khayyam à Hokusai, de Al-Hallaâj à Emily Dickinson. “Il a côtoyé les auteurs les plus divers du patrimoine universel'', a-t-il dit. Silem a aussi évoqué, lors de cette rencontre, le plasticien Rachid Koreichi qui “a mêlé'' ses signes à de nombreux textes poétiques dont ceux de Djamel Eddine Bencheikh et Mohamed Dib. “Rachid Koreichi semble ajouter ses textes aux textes qu'il accompagne'', a confié l'orateur. et d'ajouter : “Ses aventures de collaboration, de rencontres, sont dues à la complicité, à la sensibilité commune''. L'orateur a aussi rendu un hommage aux artistes “doués des deux mains'', c'est-à-dire ceux qui sont à la fois poètes et peintres et qui font “dialoguer ces deux parts d'eux-mêmes'', citant les artistes Aït Djaâffar, Denis Martinez, Myriam Ben, Abdelhamid Laghouati et Malek Alloula. Parlant des courants artistiques ayant associé la lettre à la peinture, Ali Silem a précisé que les surréalistes ne sont pas les précurseurs de ce genre, citant comme exemple le cas des cubistes qui collaient des morceaux de journaux sur leurs toiles. “Dans la Renaissance, les lettres étaient adjointes à la peinture aussi bien dans la miniature que dans les icônes'', a par ailleurs expliqué le spécialiste, soulignant que les mots ne sont pas des “figures graphiques'' mais “dialoguent'' avec la peinture à l'intérieur de l'œuvre.