Le siège de l'UGTA abrite sous ses hautes colonnes un campement de grévistes. Quelques matelas et couvertures, disposés à l'entrée du hall servent de logis aux ex-employés de l'Etusa qui sont en grève de la faim depuis quelques jours. Un dernier recours qu'ils espèrent voir aboutir enfin à une réponse à une affaire stagnante, vieille de neuf ans. En 1998, à la suite d'une compression de personnel pour raison économique, 302 employés, cadres et simples fonctionnaires confondus, se sont retrouvés à la rue sans pouvoir percevoir indemnités et aides sociales qui leur reviennent de droit. Pis, leur ex-entreprise, à savoir l'Etusa, se porte, désormais, mieux financièrement et recrute. Mais, alors qu'ils sont prioritaires à profiter du nouveau souffle que connaît l'entreprise qu'ils ont tous fréquentée au minimum dix ans, aucun d'entre eux n'a été récupéré. À ce sujet, onze décisions de justice plaident en leur faveur mais l'entreprise refuse de les appliquer et leur permettre ainsi de rejoindre leur poste de travail. Aujourd'hui, ils ne bénéficient d'aucun de leurs droits. La Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac) ne leur verse plus rien depuis 1998. 36 d'entre eux ont vu leur dossier rejeté par cette dernière car l'entreprise n'avait pas versé les cotisations qui leur permettent d'être indemnisés, alors que ces mêmes cotisations leur ont été prélevées à la source, à chaque versement de salaire. Ils ne bénéficient pas non plus du remboursement de la Sécurité sociale. Et après avoir interpellé toutes les instances susceptibles de régler leur problème, ils restent sans réponse. Une réunion à ce sujet a même été organisée le 28 août dernier. Ils ont été reçus par M. Messaoud Nacer, directeur adjoint auprès du ministère des Transports qui a accepté de soumettre le problème au ministre, mais cette rencontre n'a aucunement abouti. Face à toutes ces portes fermées, et en dernier signe de désespoir, ils ont décidé de ne plus s'alimenter. Las, ils ne veulent plus discuter et lancent un appel au président de la République et au Chef du gouvernement afin que l'un ou l'autre se penche sur leur cas et le règle avant que cela ne tourne au drame. “J'ai plus de 15 ans d'ancienneté à l'Etusa, et j'ai 11 enfants à nourrir, mais aujourd'hui je n'ai plus rien, aucun de mes droits n'est respecté par ce pays libre, une liberté pour laquelle mon père a donné sa vie…”, a déclaré l'un d'eux avant d'éclater en sanglots. Amina Hadjiat