Les réformes économiques entreprises par l'Algérie depuis 1989 sont en cours d'évaluation. C'est du moins ce qu'a annoncé le chef du gouvernement, M. Abdelaziz Belkhadem, samedi soir, lors du Forum de l'ENTV. L'étude, une fois achevée, sera remise au président de la république. L'objectif, explique M. Abdelaziz Belkhadem, est “de rétablir l'autorité politique sur différents leviers de pouvoir en matière économique”. “Ce n'est pas un retour à l'étatisme”, rassure le chef du gouvernement. Ce qui est recherché à travers l'évaluation des réformes mises en œuvre, c'est une nouvelle dynamique à même de renforcer la performance et la compétitivité de l'entreprise publique. M. Abdelaziz Belkhadem, dans son introduction, souligne les bons résultats économiques et financiers enregistrés entre 2000 et 2006 : un taux de croissance de 5% en moyenne annuelle, des réserves de change importantes, un taux d'inflation inférieur à 2%, un excèdent commercial considérable et une dette extérieure estimée à 5 milliards de dollars alors qu'elle était de 33 milliards de dollars vers la fin des années 1990. “S'il est vrai que ces résultats ont été dopés par les prix élevés du pétrole, l'apport de la politique économique et financière mise en œuvre par le président de la république depuis 1999 est incontestable”, souligne le chef du gouvernement. Ce que le chef du gouvernement n'a pas dit, c'est la forte dépendance de l'économie algérienne des hydrocarbures. Les hydrocarbures représentaient, en 2005, 98,3% des recettes totales des exportations, c'est-à-dire près de la moitié du PIB et un accroissement de 38,9% par rapport à 2004, sous l'effet conjugué d'une augmentation des volumes exportés et de l'envolée des cours. Outre la forte dépendance des recettes publiques du secteur des hydrocarbures en termes d'équilibre budgétaire, on peut également mettre en avant une dépendance indirecte mais importante de l'économie nationale vis-à-vis du secteur : la réinjection des recettes pétrolières par le biais de la dépense publique sous la forme de politiques de soutien et d'investissement permet à plusieurs secteurs importants de bénéficier des bienfaits de la rente pétrolière ; c'est le cas en particulier du BTP, de l'agriculture. Le chef du gouvernement précise dans ce sens que l'investissement public, dans le cadre des différents programmes, est estimé à 135 milliards de dollars entre 2001 et 2009. toutes les branches industrielles en Algérie ont quasiment régressé de 30% en volume sur 10 ans. L'économie algérienne n'est pas diversifiée et est, de ce fait, très vulnérable à l'évolution des prix du pétrole. L'augmentation du prix de l'électricité n'est pas tranchée Le gouvernement n'a pas encore tranché sur la demande de Sonelgaz d'augmenter le prix de l'électricité et du gaz. Le chef du gouvernement confirme l'examen du la requête par l'exécutif, cependant le dossier a été renvoyé “pour plus de détails”. M. Abdelaziz Belkhadem a parlé de deux programmes d'investissement qui permettront à l'ensemble des localités du pays d'être alimentées en gaz et en électricité. Au sujet du développement rural, l'invité du forum a déclaré qu'un plan d'action a été établi en collaboration avec le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales ainsi que celui de l'Agriculture et du Développement rural pour assurer le développement des 950 communes rurales pauvres. Le chef du gouvernement est revenu sur la problématique du prix de référence sur lequel est bâti le budget de la nation. Expliquant la décision du gouvernement d'élaborer la loi des finances sur la base du prix du pétrole à 19 dollars, alors que le prix tourne autour de 60 dollars, M. Abdelaziz Belkhadem estime que l'objectif était d'assurer l'avenir des nouvelles générations. Le chef du gouvernement a indiqué, à ce propos, que le Fonds de régulation de recettes a atteint actuellement 3 100 milliards de DA. Corruption : les dossiers entre les mains de la justice “La corruption n'est pas un phénomène nouveau et propre à la société algérienne”, a répondu le chef du gouvernement à la question de la presse sur certains dossiers, comme celui de BRC. La nouveauté, explique Belkhadem, c'est que les affaires en question sont rendues publiques, ce qui de son point de vue est un gage de transparence. “Il y a l'affaire BRC mais aussi les affaires de drogue et des crédits octroyés par certaines banques à de pseudos investisseurs. Ces dossiers, comme celui de BRC, ont été rendus publics et envoyés devant la justice”, ajoute-t-il, estimant tout de même que la lutte contre la corruption ce n'est pas seulement l'affaire de l'Etat mais de toute la société. Meziane Rabhi