Les agents immobiliers n'ont pas caché leur désarroi et leur ras-le-bol de travailler dans l'anarchie totale. Ils ont plaidé pour l'organisation et la moralisation de leur profession. Pour la première fois, des agents immobiliers ont prêté serment devant un auxiliaire de justice lors d'une rencontre tenue jeudi dernier à Constantine et où ils ont dressé un état des lieux exhaustif et sans complaisance du métier. “Ce sont les agences immobilières qui sont à l'origine de la recrudescence du nombre des courtiers, et donc des risques d'arnaques, qui activent dans ce secteur illicitement.” C'est le constat fait, avant-hier, par les propriétaires des agences immobilières lors d'une assemblée extraordinaire tenue à Constantine. Dans le même contexte, les agents immobiliers de la capitale de l'est du pays affiliés à la Fédération nationale des agences immobilières (Fnai) ont révélé que certaines agences immobilières font appel aux courtiers, en leur offrant les vitrines des agences et, du coup, leurs portefeuilles clients. Cet état de fait a contribué à la multiplication du nombre de ces pseudos-agents immobiliers et, partant, des risques d'escroquerie. “Il est temps de changer cette situation inadmissible qui a terni l'image de marque des agences immobilières”, a clamé M. Barkat, président du conseil de la wilaya de Constantine de la Fnai. Cette dernière, qui regroupe 650 agences sur un total de 3 200, a établi des documents de travail, des cartes professionnelles, des logos et un barème afin d'organiser ce très vaste marché et de moraliser la profession. En effet, selon les membres de la fédération, le constat est amer. “Les Algériens sont devenus très sceptiques envers cette profession”, comme le reconnaîtra l'un d'eux. Un autre fustigera la majorité des membres de la corporation, agréés ou non, qui, selon lui, “optèrent avec leurs clients pour la pratique illégale des arrhes”. Sans état d'âme, les chefs de file des agences immobilières affiliées à la Fnai de Constantine ont plaidé pour une transparence, tous azimuts, des transactions qui passent par leurs boîtes. Ainsi, il a été recommandé que la rémunération des agents lors des transactions soit une commission sur le prix de vente au lieu de la pratique de la valeur ajoutée incompatible avec la profession. Toutefois, quelle que soit la méthode de rémunération arrêtée, le client-vendeur doit être au courant du prix final de cession du bien immobilier. Toute rétention d'une telle information est assimilable à l'arnaque. Enfin, les relations inter-agences ont été aussi soulevées lors de cette réunion. Des relations confuses qui nécessitent l'application du “mandat exclusif” et le bon de visite ainsi que la mise en vigueur du projet du guide de l'agent qui est en gestation, selon les déclarations de M. Barkat. Le regroupement de Constantine a été aussi une occasion pour les représentants des agences agréées de débattre des problèmes relatifs au statut particulier, du moment que la profession n'est régie par aucun texte, y compris pour les relations inter-agences AKILA BENABDESSALEM