L'Espagne se prépare à renouer durablement avec le terrorisme de l'ETA, qui a rompu mardi son cessez-le-feu de mars 2006, anéantissant les espoirs des Espagnols et des Basques de voir s'éteindre pacifiquement le dernier foyer de violences nationalistes en Europe occidentale. La riposte policière et judiciaire à l'annonce par l'organisation indépendantiste basque armée du retour à la lutte armée “sur tous les fronts” a été immédiate et musclée. Arnaldo Otegi, le leader de Batasuna, le bras politique interdit de l'ETA, a été interpellé hier à Saint-Sébastien juste après la confirmation par le Tribunal suprême espagnol de sa condamnation en première instance à 15 mois de prison pour “apologie du terrorisme”. Jeudi, trois membres présumés de l'ETA avaient été interpellés dans le sud de la France, au lendemain du renvoi en prison du détenu basque José Ignacio de Juana Chaos, qui avait bénéficié en mars d'un régime controversé de semi-liberté. Parallèlement, les télévisions espagnoles diffusaient en boucle les images inquiétantes d'une récente vidéo de propagande de l'organisation indépendantiste basque armée montrant des hommes cagoulés faisant exploser des véhicules ou simulant des exécutions d'une balle dans la nuque. Le communiqué de l'ETA annonçant officiellement la fin d'une trêve annoncée le 22 mars 2006 et la reprise de la lutte armée “sur tous les fronts”, à compter de mercredi, n'a pas vraiment surpris. L'Espagne s'attendait au pire depuis que l'organisation clandestine avait commis un spectaculaire attentat le 30 décembre à l'aéroport de Madrid, dans lequel avaient péri deux ressortissants équatoriens.