Balasse essayait de se défendre en invoquant son statut et aussi en accusant son chef de service. “C'est lui qui a signé pour le terrain de 2 052 m2”. Il a aussi surpris le juge en lui déclarant que “le chef de service a les mêmes prérogatives que moi. C'est le ministère des Finances qui a décidé cela pas moi”. Le procès en appel de l'ex-wali d'Oran, Bachir Frik, n'a pas été ajourné et a bel et bien débuté hier. Prévu le 24 juin dernier, il avait été reporté pour le 14 juillet à cause de l'absence d'un des co-accusés de l'ex-wali, Mekhloufi Chaâbane, l'ex-directeur de l'Office de la promotion et de la gestion immobilière (OPGI) d'Oran. Une absence justifiée par le non-déplacement du concerné à partir d'Oran où il y est incarcéré. Il était donc présent hier et d'ailleurs, il était sur Alger depuis mercredi passé. Ce nouveau procès intervient plus de deux ans après le verdict prononcé à l'encontre des 4 détenus tous présents hier : Frik Bachir (8 ans et en prison depuis 5 ans et demi), Laoufi Chabane (8 ans), Balasse Hassan (5 ans) et Mekhloufi Chaâbane (3 ans). La séance s'est déroulée au niveau de la cour d'Alger et a commencé aux environs de 10h devant une faible assistance. L'arrêt de renvoi a été lu par le greffier à l'assistance et cela a duré presque 3 heures. La lecture n'a été entrecoupée que par une petite pause de quelques minutes due vraisemblablement à un malaise qu'avait eu un des accusés, Laoufi Chaâbane. D'ailleurs, au même moment, Me Mokrane Aït Larbi est venu interpeller les journalistes présents. Il voulait mentionner un incident qui s'était déroulé dans une salle d'audience se trouvant au rez-de-chaussée de l'édifice : “Il y a dans une autre salle une femme accusée qui a eu un malaise en plein procès avec un bébé dans les bras. Depuis tout à l'heure, on réclame la Protection civile et on attend toujours.” En allant voir sur place la jeune femme, âgée de 20 ans, selon son avocat, était allongée sur le banc des accusés entourée de plusieurs hommes, dont son mari, co-accusé avec elle d'ailleurs. “Depuis une heure qu'on attend les secours et personne n'est encore venu. C'est une jeune femme qui a été accusée de vol en compagnie de son mari. Elle a été condamnée à une année et elle est en prison depuis 5 mois alors que son bébé n'a que 3 mois”, nous a déclaré son avocat avant que Me Mokrane Aït Larbi n'ajoute : “Elle a été transportée de la prison vers le tribunal sans assistante sociale ni infirmière. Elle est sous la protection de la justice, mais rien n'est fait pour cela. Heureusement que nous avons trouvé un médecin par hasard parmi le public.” C'est à 14h15 que la séance a repris. Le premier accusé à se présenter à la barre était Balasse Hassan, l'ex-directeur des domaines d'Oran. Interrogé pendant plusieurs heures par le juge et le procureur général, l'accusé a essayé de répondre par des arguments qui ne semblaient pas convaincre le président de la cour, et encore moins son adjoint. Les questions étaient tout d'abord en relation avec un lot de terrain qui devait être réservé pour une clinique privée, mais qui finalement a changé de “registre”. Les accusations retenues contre Balasse étaient, entre autres, de ne pas avoir mentionné dans le contrat de cession avec l'OPGI que le terrain devait être consacré à la construction d'une clinique privée avec un parking “alors que dans le cahier des charges c'était spécifié”, affirmait le juge. Il lui était aussi reproché de ne pas avoir réagi pour faire respecter par l'OPGI les clauses du cahier des charges. Il a été aussi question d'un lot de terrain vendu à l'OPGI pour 36 millions de centimes avant qu'un particulier ne l'achète pour la somme de… 300 millions de centimes. “Comment expliquez-vous cette énorme différence ?” lui demande le juge Zibouchi qui ajoutera : “Sans oublier que ça s'est vendu à un chef d'entreprise qui n'est autre que le père de l'autre accusé ici présent, Laoufi. Même l'entreprise à qui l'OPGI a vendu est fictive puisque son registre du commerce est faux.” À chaque fois, Balasse essayait de se défendre en invoquant son statut et aussi en accusant son chef de service. “C'est lui qui a signé pour le terrain de 2 052 m2”. Il a aussi surpris le juge en lui déclarant que “le chef de service a les mêmes prérogatives que moi. C'est le ministère des Finances qui a décidé cela pas moi”. À l'heure où nous mettons sous presse, le procès se poursuit toujours et selon Me Bourayou, l'un des avocats chargé de la défense de l'ex-wali, “ça devrait prendre deux ou trois jours”. De son côté, un des avocats des accusés s'est dit perplexe devant la tournure des évènements. “Je ne comprends pas pourquoi on a commencé par Balasse alors que normalement c'est Frik qui devrait être le premier à la barre !” Salim KOUDIL