Le fait est là. Cette panne patente, en dépit des dénégations de Belkhadem, est pour beaucoup dans le sentiment de désabusement collectif qui s'est emparé aujourd'hui de la plupart des Algériens. Les chefs des trois partis de la coalition présidentielle se sont enfin retrouvés hier pour la classique cérémonie de passage de témoin au siège du MSP. Enfin et heureux surtout pour eux, car après le tir en piqué de Abou Djerra Soltani et de Ahmed Ouyahia contre le gouvernement, notamment à cause de son incapacité à juguler la hausse des prix, les observateurs ont conclu à la belle mort de ce triumvirat censé agir à l'unisson pour donner corps au programme du président de la République. Exit donc le principe de solidarité ! Mais si après la cérémonie d'hier, les apparences sont encore une fois sauves, il reste que dans sa façon de se décliner, depuis sa mise en place d'ailleurs, la coalition présidentielle est un bide monumental qui n'a absolument rien à mettre sur la table en termes de bilan. Composée des trois formations qui détiennent pourtant la majorité des sièges parlementaires et au gouvernement, le FLN, le RND et le MSP donnent aujourd'hui la nette impression d'être en panne d'imagination politique. Sans doute que leur marge de manœuvre est étroite vis-à-vis de la présidence qui demeure le centre principal de l'impulsion politique. Mais le fait est là. Et cette panne patente, en dépit des dénégations de Belkhadem, est pour beaucoup dans le sentiment de désabusement collectif qui s'est emparé aujourd'hui de la plupart des Algériens. Devant une spirale inflationniste sans précédent, devant la multiplication de scandales qui éclaboussent des personnalités, devant surtout la subite recrudescence des actes de violence terroriste, l'action du gouvernement, si tant est que l'on puisse parler d'action, est en deçà des attentes citoyennes. Les observateurs ont pu mesurer ce hiatus qui existe entre ceux d'en haut et ceux d'en bas, à travers le peu d'enthousiasme suscité par les manifestations organisées dimanche pour dénoncer le terrorisme. Ce qu'on a vu dimanche, malgré les plans serrés de l'ENTV, n'est en fait que le prolongement du message des législatives du 17 mai dernier qui risque d'ailleurs d'être renvoyé lors des prochaines élections locales. D'où aujourd'hui la nécessité pour ceux qui nous gouvernent de bien interpréter ces messages et d'engager une action politique forte qui soit de nature à dissiper les angoisses qui taraudent les Algériens. Ces Algériens qui se retrouvent encore à s'interroger une nouvelle fois sur ce que leur réservent les lendemains. N. S.