Rien ne va plus à la SNTF où les cheminots comptent maintenir le débrayage entamé samedi dernier. Alors que la direction générale de l'entreprise refuse d'entamer le dialogue en vue de trouver une solution à ce conflit social, préférant recourir à la justice, le ministère des Transports se dit, quant à lui, non concerné par la grève. Pendant ce temps, des milliers de voyageurs en pâtissent, mais c'est surtout l'activité du fret qui en prend un sérieux coup. Les cheminots entament, aujourd'hui, leur sixième jour de grève. Un mouvement de protestation qu'ils ne comptent pas interrompre tant que leurs revendications ne seront pas prises en compte par la direction générale de la SNTF qui, de son côté, continue à faire la sourde oreille. Alors que la Fédération nationale des cheminots avait eu pour seule réaction de déclarer que la grève était illégale et qu'elle était menée par une minorité d'employés agitateurs, la voici qui réapparaît à travers un communiqué adressé aux cheminots. Dans ce communiqué daté du 20 novembre, nous pouvons lire que l'instance syndicale affiliée à l'UGTA “appelle l'ensemble des travailleurs à la reprise immédiate du travail et s'engage solennellement à finaliser les négociations salariales et indemnitaires dans un délai n'excédant pas les trois mois (…). Par ailleurs, le bureau s'engage aussi à ce qu'il n'y ait pas de représailles administratives envers les travailleurs quel que soit leur rang. Le bureau national réitère son appel à la reprise du travail pour pouvoir entreprendre dans la sérénité les négociations qui devaient en principe débuter le 18 novembre 2007”. Mais ce communiqué n'a eu d'effet que de remonter la colère qui réside en chacun des grévistes. “Cela fait un an et demi que nous attendons ces augmentations, l'administration en bénéficie, mais pas nous, ce qui est contraire à l'article 6 de son règlement intérieur, l'entreprise se porte bien financièrement alors que ses employés ont du mal à subvenir aux besoins de leurs familles ; nous exerçons un métier à la fois pénible et dangereux, et ce, dans des conditions inhumaines. Les primes que nous percevons pour compenser cela sont dérisoires. C'est par dépit que nous avons recours à la grève et nous ne reprendrons le travail qu'après avoir eu gain de cause auprès de notre direction générale”, dira un mécanicien, rencontré hier au service de maintenance du Dépôt d'Alger. Et selon un autre cheminot gréviste, membre du syndicat, “sur les 10 000 employés de la SNTF, 80% d'entre eux sont en grève, et ce, à travers tout le territoire national, comment peuvent-ils donc dire que la grève ne touche qu'une minorité d'employés, puis se permettre d'envoyer un pareil communiqué ? Cette attitude les décrédibilise totalement”. Un troisième employé s'empressera d'ajouter que “pour assurer le service minimum et court-circuiter le mouvement gréviste, la direction générale a fait appel à des magasiniers, des contre-maîtres ou encore des chefs d'équipe qui se retrouvent aujourd'hui à conduire des trains, alors qu'ils n'y connaissent rien et ce, au détriment des usagers. Pour cette raison, nous tenons à rappeler à la population qu'utiliser ce moyen de transport, en ce moment, peut s'avérer dangereux”. Pour de plus amples informations, nous avons tenté à maintes reprises de contacter la direction générale de la SNTF, mais toutes nos tentatives sont restées vaines. Quant au ministère des Transports, par la voix du responsable de la cellule de communication, se dit mal placé pour parler de cette grève. Au sein de la tutelle, on préfère orienter la presse vers la SNTF qui demeure injoignable. Par ailleurs, nous apprendrons, hier, en fin de journée que les grévistes ont reçu la visite d'un huissier de justice qui leur a transmis une décision de la cour les sommant de reprendre immédiatement le travail. Selon la loi, les cheminots disposent de quinze jours pour faire appel, et ils annoncent d'ores et déjà que “durant cette période, la grève sera maintenue”. Amina Hadjiat