Muré depuis des mois, exception faite des rares critiques qu'il a faites au gouvernement et à son chef, Ahmed Ouyahia a su se préserver et éviter d'attaquer frontalement et surtout de ménager le Président. Il sait rester à la périphérie de la décision même quand il est “hors service”. Patient et attentif, embusqué derrière son silence depuis qu'il a quitté la tête du gouvernement, Ahmed Ouyahia savait son retour certain. Le Président vient de lui confier une mission de taille, alors qu'il n'a aucune fonction officielle. Pourquoi Bouteflika l'a-t-il choisi, lui, précisément ? Est-ce par manque de personnels qualifiés ? L'homme fort du RND, qui a choisi l'Etat à son parti, est revenu momentanément aux affaires. Un geste qui ouvre la voie à tous les pronostics possibles. Retour en grâce annonciateur de la reprise de service d'Ahmed Ouyahia. Et par cette fleur du Président, c'est le gouvernement qui prend un coup et, bien évidemment, le FLN qui a bataillé pour le déloger et qui se voit ainsi réduit dans ses prérogatives et tenu à l'écart. Muré depuis des mois, exception faite des rares critiques qu'il a faites au gouvernement et à son chef, Ahmed Ouyahia a su se préserver et éviter d'attaquer frontalement et surtout de ménager le Président. Il sait rester à la périphérie de la décision même quand il est “hors service”. Il sait aussi attendre et se sacrifier dans les moments difficiles de la République, lui qui martèle qu'il n'a pas d'état d'âme et déteste les “lubies d'intellectuels”, droits de l'Homme et autres ONG. Même s'il est souvent dit qu'il négocie, Ahmed Ouyahia n'a jamais refusé une sollicitation sachant qu'on compte sur lui, mais qu'on ne lui fait pas totalement confiance et qu'on le redoute malgré ses preuves de fidélité. Par ce retour par la grande porte avec la caution de poids (du Président), l'événement pourrait servir de déclic à des changements importants. Un remaniement de l'Exécutif n'est pas à écarter d'autant que l'équipe Belkhadem patauge et tourne au ralenti. Ouyahia pourrait alors revenir pour tout au moins imposer une discipline de groupe aux membres du gouvernement qui n'hésitent pas à se tirer dans les pattes. L'autre possibilité est liée à la révision de la Constitution avec la création du poste de vice-président qui lui reviendrait. Belle affaire qui l'arrangerait ainsi que le Président qui caserait un sérieux concurrent ; un challenger qui sera de facto mis hors course. Auquel cas, Ouyahia saura toujours attendre son heure, attendre qu'on l'appelle. D. B.