L'Algérie attend, notamment, une contribution suisse à l'amélioration de la capacité d'analyse des dossiers en particulier de crédits par les banques locales. L'efficacité des banques algériennes s'est améliorée, mais elle demeure la plus faible au Maghreb. C'est du moins ce qu'a souligné M. Dhafer Saïdane, professeur à l'université de Lille III (France) en évoquant, hier, une étude sur les banques maghrébines, à l'ouverture du 4e Forum international de la finance, organisé à l'hôtel El-Aurassi par le Forum des compétences algériennes en Suisse en collaboration avec la Chambre Suisse-Algérie. Pour M. Dhafer Saïdane, l'efficacité des banques algériennes est passée de 81% en 1999 à 87% en 2006. Le gaspillage de moyens et de coûts, qui était de 19%, est passé à 13%. La Banque de développement local présente les scores d'efficacité les plus faibles (-70%). “Le caractère “public” des banques est un facteur contraignant à l'amélioration de la productivité et la minimisation des coûts. L'Etat est à la fois actionnaire, administrateur, dirigeant, emprunteur, déposant et régulateur”, souligne l'orateur. En Tunisie, l'efficacité des banques tend à se stabiliser. Elle demeure autour de 90% sur la période. Le gaspillage de moyens et de coûts reste toujours autour de 10%. C'est au Maroc, considérant comme le bon exemple, que l'efficacité des banques tend à augmenter. Elle est passée de 84% en 1999 à 96% en 2006. Le gaspillage de moyens et de coûts, qui était de 16%, n'est plus que de 4%. Le système bancaire marocain a été, pour l'essentiel, privatisé. Les quelques banques publiques qui restent sont en train de l'être. “C'est pourquoi les banques marocaines se sont montrées particulièrement agressives au Maghreb (BS, Axis) et en Afrique (35% de Bank of Africa)”, relève M. Dhafer Saïdane. En Tunisie, l'Etat se désengage progressivement vis-à-vis du secteur bancaire. Pour autant, M. Saïdane estime que la réussite des privatisations exige deux conditions nécessaires : un contexte de stabilité financière mondiale ; un prix de marché qui permet à l'Etat de céder la banque et non de la brader. “Ces deux conditions ne seraient pas encore réunies, selon Mme Fatiha Mentouri, ministre déléguée à la Réforme financière”, rappelle le conférencier. Au Maroc, relève M. Dhafer Saïdane, la privatisation a permis l'apparition de “champions nationaux et régionaux” (Attijariwafa Bank, BMCE). Du coup, l'orateur estime que l'Algérie et la Tunisie doivent sortir du statu quo en s'appuyant sur les compétences des banques étrangères et par l'ouverture du capital des banques. Le Dr Brahim Gacem, président du FIF, précise qu'hormis les thèmes propres à la banque tels que les systèmes d'information, les règles de prudence, la gestion des risques, la gestion de la monétique, les thèmes proposés cette année portent aussi sur des thèmes d'actualité tels que celui qui concerne la gestion du patrimoine public, la gestion et le financement des grands projets, ainsi que sur l'assurance et la banque assurance. Plus d'une vingtaine d'experts provenant de 7 pays différents animeront des conférences durant la 1re journée et des ateliers la 2e journée. Des thèmes jugés par le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, “d'essentiels pour le développement de l'Algérie en général et de son secteur financier en particulier”. Le ministre souligne que l'ouverture du secteur financier et bancaire “est une réalité”. Cependant, reconnaît le grand argentier du pays, la maîtrise qui est une gestion efficiente des différents métiers du secteur de la finance, passe par une amélioration qualitative et quantitative des compétences à travers une politique de formation réfléchie et permanente. “Aussi, c'est dans le secteur de la formation bancaire et celles des équipes de gestion de projets que nous souhaitons l'établissement d'une étroite collaboration avec nous amis suisses”, souligne M. Karim Djoudi. L'appel a été entendu. Le Dr Brahim Gacem, président du FIF, a annoncé le projet de création d'une école supérieure dans le métier de banque avec l'Abef. La Suisse, ce petit-grand pays, petit en superficie, mais grand sur le plan économique peut apporter son savoir-faire dans le domaine de la finance. Joseph Deiss, ancien président de la Confédération suisse, souligne que la valeur ajoutée des banques et les assurances est estimée à 14%. Meziane Rabhi