S'il est un parti politique que les nouvelles orientations économiques de l'Exécutif, distillées à doses homéopathiques, sont loin d'incommoder, c'est sans doute le Parti des travailleurs (PT) de Louisa Hanoune. Hostile depuis longtemps aux privatisations, le PT a régulièrement pris fait et cause pour un secteur public fort. Et c'est, pour une bonne part, cette “croisade” contre les privatisations, souvent décrites comme relevant d'un bradage, qui a valu des galons au parti et qui lui ont permis de gagner une place de choix sur l'échiquier politique. Louisa Hanoune, l'on se rappelle, est allée jusqu'à demander la tête de “M. Privatisations”, en l'occurrence Abdelhamid Temmar, et le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, accusés d'adopter des orientations dictées par les institutions financières internationales. Aujourd'hui donc, la reprise en main par l'Etat de certaines entreprises publiques, inscrites il y a quelque temps sur le registre des privatisations, conjuguée à l'élaboration de la loi sur la concession du foncier industriel, peuvent constituer d'une certaine façon une victoire pour le PT. “Tout le monde sait que les privatisations n'ont rien ramené au pays, ni en termes d'emplois ni en termes de relance économique. Le Président lui-même a reconnu l'échec de la stratégie économique adoptée jusque-là”, a estimé hier M. Djelloul Djoudi, cadre du parti, joint par téléphone. “C'est une bonne mesure. Il faut une aide aux entreprises publiques pour préserver l'emploi. Nous avons besoin d'un secteur public fort”, dit-il. Contenue dans la loi de finances 2009, la disposition relative à l'assainissement, l'effacement des créances et autres subventions devra toucher quelque 220 entreprises. “Au PT, à chaque loi de finances, on propose des amendements stipulant la nécessité pour l'Etat d'aider les entreprises publiques. Il faut dire que les dispositions d'aide aux entreprises publiques ont existé déjà dans les lois de finances de 2005 et de 2006, mais ce qui a manqué, ce sont les décrets d'application”, rappelle-t-il. Près de 35 milliards de dinars étaient destinés à l'aide aux entreprises en difficulté financière. Autre entorse : le bilan des privatisations n'a pas été établi à ce jour, fait observer l'homme de confiance de Louisa Hanoune. À la question d'apprécier le projet de loi portant approbation de l'ordonnance relative à la concession des terres relevant du domaine privé de l'Etat, qui sera soumis prochainement à l'APN, M. Djoudi a estimé que “c'est une bonne chose”. “C'est l'Etat qui retrouve ses prérogatives !” a-t-il conclu. Karim Kebir