Toute alliance est à bout de souffle. Elle ne fait plus l'actualité que par ses divisions internes. Pas d'innovations, pas de concepts nouveaux. Tout a été dit et redit. Elle devait s'ériger en pôle rassemblé de puissance mais a fini par des échanges internes d'inamabilité, à évoluer en pôle éclaté dont l'implosion en termes de rupture des relations est empêchée par la volonté de demeurer au pouvoir, par le maintien de l'arrimage au Président. Elle n'a réussi ni à s'élargir pour élargir l'audience du Président ni à se trouver d'autres partenaires, plus particulièrement dans le champ de l'opposition, ne serait-ce qu'autour de certains thèmes de politique intérieure ou de politique extérieure. Les partis de l'opposition, quant à eux, jouent au ping-pong entre l'inefficacité de l'action isolée et l'impossibilité de l'action isolée. Ni les éclaircies conditionnelles de certains partis de l'opposition ne sont perçues par l'Alliance comme des opportunités à construire des passerelles, ni les positions radicales n'arrivent à émouvoir l'Alliance. C'est un véritable mur de Berlin qui est construit sur la ligne de fracture entre le pouvoir et l'opposition, et cette ligne, pourtant, n'est pas idéologique pour la considérer comme infranchissable. Elle sépare ceux qui sont au pouvoir par vocation de ceux à qui les conditions de fonctionnement du champ politique ont fait de l'opposition une vocation imposée. Actuellement, ni les partis de l'Alliance, ni les partis de l'opposition ni «le» parti qui n'est pas dans l'opposition et qui n'est pas au pouvoir, malgré le soutien qu'il réitère au Président, ne rencontrent les conditions de leur enracinement populaire. Un parti n'élargit et ne consolide son audience que par les instruments des «marches», des meetings, et des médias lourds. Il y a donc ainsi la majeure partie des populations qui échappent à tout encadrement, ce qui revient à dire qu'est vidée de son sens la notion de majorité politique ou de majorité présidentielle puisque la vraie majorité, c'est-à-dire la société civile, se situe en dehors des partis tous bords confondus. Il serait prétentieux pour tout parti politique d'affirmer qu'il détient la majorité au sein des populations. Les populations se gagnent sur le terrain et ne se prennent pas administrativement. En témoignent les émeutes sporadiques et tournantes qu'aucun parti ne peut encadrer et qu'aucun parti ne peut apaiser. C'est ce recul «du» politique dans le champ politique qui transforme ce qui devrait être un dialogue en opérations de rétablissement de l'ordre public.