Ne voilà-t-il pas que depuis, lundi, ce sont les élèves de 1re et 2e années secondaires qui se mettent de la partie en refusant de se rendre aux cours sous prétexte qu'ils protestent contre «le boycott des enseignants de ne pas remplir les bulletins». Cela se passe au lycée Frantz-Fanon du chef-lieu de wilaya. Au-delà du bien-fondé ou du non-fondé d'une pareille action, c'est «la notion de grève» qui se trouve ainsi ballottée entre les désirs des uns et les revendications des autres. Certes, il est légitime pour nos élèves de revendiquer le droit à «des bulletins remplis», mais l'interrogation, voire l'inquiétude se dessine quant à la manière de décider d'une grève. Ce débrayage n'a été précédé d'aucune concertation ni organisation par les élèves. L'action a eu lieu conséquemment à «un bouche à oreille» et elle a eu lieu. Déconcertant quand ailleurs il faut des jours et plusieurs réunions pour décider de toute manifestation revendicative. La spontanéité du mouvement ne peut s'expliquer que par le désarroi qui a saisi nos potaches. Il y a péril en la demeure d'autant plus que l'action des élèves du lycée en question est isolée. Comme l'est de toute manière «le boycott administratif» des enseignants en signe de protestation contre les ponctions de salaires. Seule une dizaine de wilayas ont opté pour ce type de protestation. Ainsi, au rythme où se décident les débrayages, les sit-in et les manifestations de toutes formes, on n'est en droit de constater une véritable anarchie dans nos établissements du secondaire. Au début, les élèves soutenaient leurs profs dans leur grève. Maintenant, ils les condamnent pour les mêmes motifs. Ici on refuse l'année blanche, là on veut la provoquer. D'une part, on arrête un calendrier d'achèvement des programmes pour permettre aux compositions et au bac blanc d'avoir lieu à temps avant les examens de fin d'année surtout les officiels. D'autre part, on se plait à imaginer des scénarii farfelus sur une pseudo manière de rattraper un temps perdu déjà consommé. Comment peut-on organiser un bac blanc en faisant examiner les élèves de terminales le mardi après-midi et le samedi pendant quinze jours ? Un tel choix est inconcevable. Dans le même temps ? C'est un cautionnement de la grève puisque les non grévistes seront eux par la force de l'emploi du temps contraint de subir ce rafistolage alors qu'ils peuvent faire leurs compositions à temps et sous une forme raisonnable. Peine perdue quelle que soit l'option. Les élèves de terminales, eux, veulent des examens dans les normes standards. En un mot un véritable bac blanc. Mais les enseignants grévistes ne l'entendent pas de cette oreille et brandissent la menace du boycott du bac ou des corrections du bac. Comment se retrouver dans ce labyrinthe des penchants avec une inextricable imbrication des positions ? Une guerre des tranchées à s'y méprendre ! Mais tout cela nous éloigne du terrain de «belligérance» : l'école et le sort de milliers d'élèves. Mais qui y pense ?