Depuis sa création en 1993, la FADEA, sous la houlette de son président, Nacer Dib, n'a cessé de tirer la sonnette d'alarme sur le phénomène de la délinquance juvénile qui sévit dans notre pays et ses dangers pour la société. M. Dib, et par la projection de deux documentaires poignants, consacrés aux mineurs délinquants, a voulu réveiller les esprits et mobiliser la société pour éradiquer ce fléau qui ne cesse d'augmenter d'une manière effrayante. Après avoir remercié la Gendarmerie nationale pour le travail énorme qu'elle effectue pour aider et sauver ces jeunes d'un avenir incertain, notamment sa contribution à la réalisation desdits documentaires, qui, selon lui, «sont devenus des bases de données pour tous les journalistes», M. Dib a résumé le quotidien de ces délinquants qui ont basculé, sans le vouloir, de l'innocence dans l'enfer, drogue, fugues, vols, enlèvements, prostitution, émigration clandestine, alcoolisme, toxicomanie, délits, et même l'immolation par le feu. Une liste qui reste malheureusement bien longue. Il a préconisé «un travail de proximité et de sensibilité, chaque jour, avec ces jeunes» et lancé un appel aux autorités, aux spécialistes, aux parents et aux associations pour conjuguer leurs efforts pour éviter aux enfants un terrible destin. Il a déploré l'absence de centres spécialisés en ce sens et la marginalisation du rôle de l'éducateur qui est, pourtant, crucial dans le combat de ces fléaux sociaux. Tous les participants à cette conférence étaient d'accord pour dire que l'éclatement de la cellule familiale, l'absence totale de l'autorité parentale, l'échec scolaire, le manque d'encadrement de la part des enseignants et de lois protégeant les enfants sont un enchaînement de facteurs qui mènent paradoxalement à la délinquance juvénile. Mais aussi la décennie noir qui a ébranlé le pays. Agés de 13 à 16 ans, ces jeunes adolescents traînent un malaise plus profond qu'il ne paraît, la plus grande majorité, présente des troubles mentaux, sociopathes, et d'autres des troubles affectifs. Ils se distinguent par des caractéristiques sociales différentes, qu'ils soient issus d'un milieu pauvre ou nanti, ce qui fait d'eux des personnes vulnérables qui ont besoin d'une prise en charge sérieuse. L'aide et la protection à l'enfance, la santé mentale et physique, l'éducation, le droit familial, tout cela a amené les responsable à réfléchir à une action pédagogique à mener sur le terrain pour aider ces enfants marginaux, d'où l'idée de créer une association d'éducateurs, une société algérienne qui ouvrira ses portes pour la formation, aussi bien d'éducateurs que de pédopsychiatres. Dans le même contexte, un institut ouvrira ses portes à aux jeunes adolescents dans le sud du pays qui les prendra en charge de l'enfance jusqu'à l'âge adulte. Ces derniers, auront une panoplie de spécialistes étrangers et nationaux pour les encadrer et les aider à sortir de l'enfer qui est leur quotidien. Avant de clôturer la conférence, M. Dib a révélé le nom de la personne à qui est attribuée le titre de «personnalité de l'année». Il s'agit de Mme Chabi Ferroudja, responsable des loisirs éducatifs à l'hôpital Mustapha-Pacha. L'intéressée n'étant pas présente, la récompense a été remise à sa fille, venue la représenter. Mme Chabi, éducatrice de formation, a consacré plus de trente années de sa vie à la cause des enfants malades, elle est décrite comme étant une institution à elle seule, une femme altruiste, forte, qui aime aider son prochain. Kahina Bencheikh