«Il faut arrêter les serpillières dans les blocs opératoires !», a lancé le professeur A. Soukehal, chef de service d'épidémiologie et médecine préventive au CHU Béni-Messous d'Alger et expert au comité national de lutte contre les infections liées aux soins au sein du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Le professeur s'exprimait devant les participants à la 3ème journée d'échanges et de formation organisée à Constantine sous le thème «L'hôpital: entre culture de sécurité des soins et réforme». M. Soukehal estime «qu'il faut utiliser d'autres méthodes maintenant parce que nous faisons face aux défis posés par les maladies émergentes. Nous n'avons aucune raison d'importer des scanners et toute une panoplie d'instruments ultramodernes en continuant à faire avec des méthodes archaïques», dira-t-il, avant d'indiquer que le ministère de la Santé a formé plus de deux cents médecins inspecteurs pour procéder à des audits, productifs et non de coercition, a-t-il tenu à préciser, dans tous les établissements de santé. Il a expliqué que le but de ces audits «est de réduire le taux d'infections nosocomiales que nous avons dans nos établissements de santé et qui avoisine les 12 à 14% à l'échelle nationale alors qu'en Europe, à titre de comparaison, ce taux tourne entre 5 et 8%». Aussi, quatre wilayate ont été déjà auditées et des recommandations seront renvoyées aux gestionnaires. L'intervenant pense «que les choses vont s'améliorer d'ici la fin de l'année puisque le budget qui accompagnera toutes les actions rentrant dans ce cadre a été arrêté». Dans la communication qu'il a faite, le Pr Soukehal a parlé des nouvelles techniques de nettoyage en milieu de soins qui n'utilisent plus comme avant de simples méthodes chimiques (eau de Javel, Crésyl et autre détergent, etc.), mais des méthodes physiques puisqu'on désinfecte avec de la vapeur pour tuer tous les germes et protéger les personnes qu'on opère, pour désinfecter les couveuses, les services de réanimation, etc. Quant au directeur général de Nosoclean, organisateur de cet événement qui a ciblé les pharmaciens et gestionnaires hospitaliers, M. Timsiline, il a mis l'accent sur les aspects réglementaires et notamment l'application des directives du MSPRH en matière de gestion du risque infectieux dans nos hôpitaux, la formation des gestionnaires, la formation des médecins à la désinfection, à la stérilisation. «Il faut inculquer la culture de la désinfection, du lavage des mains dès le jeune âge», recommande ce responsable estimant, d'autre part, «que ce serait une bonne idée que d'inclure un module d'hygiène hospitalière dans le cursus de l'étudiant en médecine». A noter que cette journée qui a réuni plus de 300 participants venant de toute la région Est du pays, une dizaine de directeurs d'établissements hospitaliers, a été animée par plusieurs experts nationaux et étrangers autour de ce thème.