C'est dans une ambiance électrique que les travailleurs du complexe Arcelor Mittal ont entamé hier leur deuxième journée de grève. Hier, lors de sa prise de parole, le secrétaire général du syndicat d'entreprise, Smaïn Kouadria, a incité les travailleurs à donner une autre tournure au mouvement qu'ils ont déclenché mardi. «Le wali d'Annaba m'a demandé, lors d'une communication téléphonique, d'annuler la marche qu'on a décidé d'organiser mais la décision nous la prenons tous ensemble. Marchons-nous ?», a questionné le SG du syndicat les quelques centaines de travailleurs présents, qui ont aussitôt répondu par l'affirmative. Une réponse qui est venue conforter le syndicat, pour entamer une marche du complexe sidérurgique au groupe de Sider, soit 4 kilomètres au moins en dehors de l'usine. Auparavant, le SG avait menacé la FNTMEE. «Nous devons maintenir notre marche malgré l'interdiction qui nous sera faite et si le secrétaire général de la FNTMEE ne prend pas position vis-à-vis de la situation au complexe, nous annoncerons notre retrait définitif de cet organe», a martelé Smaïn Kouadria, en mettant en garde les travailleurs et en attirant l'attention des responsables sur les agissements de ce qu'il a qualifié de «mafia politico-financière» en l'accusant d'importer du rond-à-béton qui ne répond à aucune norme en l'utilisant dans des projets importants. «Cela fait 4 mois que nous vendons notre rond-à-béton à perte alors que de grandes quantités de ce produit, ne répondant pas aux normes qualité, sont importées. L'Etat doit en principe protéger la production sidérurgique nationale», a ajouté le SG du syndicat en rappelant que les installations que détenait en 2001 Mittal Steel étaient neuves. Aujourd'hui, il est temps de les réhabiliter. «Par réhabilitation, nous ciblons la cokerie, qui demeure à nos yeux la seule pourvoyeuse de coke pour les hauts-fourneaux. L'importation risque de mettre en péril ces installations. Nous exigeons qu'il y ait un plan d'investissement prenant en charge tous les aspects du complexe», a encore dit Smaïn Kouadria faisant allusion à la prise de décision de la direction générale de fermer la cokerie et de considérer que cette installation n'est pas au coeur du process de production. «Comme je vous l'ai dit, il est hors de question de revenir en arrière, notre décision est prise et rendez-vous, vous est donné demain (aujourd'hui) pour que nous nous mettions en tenue de combat pour entamer notre marche pacifique, vers Chaïba où se situe le siège du groupe Sider, détenteur de 30% du capital d'Arcelor Mittal», a conclu Smaïn Kouadria en demandant aux travailleurs de rentrer chez eux, en maintenant en fonction ceux désignés pour le service minimum.