Il est absolument exclu que la fronde parlementaire visant à forcer le président de l'Assemblée populaire nationale (APN) à la démission a pour véritable chef d'orchestre la direction du FLN avec à sa tête Djamel Ould Abbès. S'il en était ainsi, certains des groupes parlementaires de la majorité n'auraient probablement pas acquiescé au boycott des travaux de l'APN visant à forcer la main au président de leur institution. La « crise » qui paralyse la chambre basse a en toute certitude un instigateur caché dont les motivations en la faisant surgir échappent à ses protagonistes, plus peut-être aux députés qui en sont les acteurs que Saïd Bouhadja qui est censé en être la cause. Il n'est pas un citoyen lambda pour croire que la fronde que les députés FLN ont déclenchée contre l'occupant du perchoir a pour raison les griefs qu'ils lui reprochent qui quoique condamnables ne les auraient pas motivés à engager avec lui un bras de fer de l'intensité de celui qu'ils lui ont livré. Alors que cache ce qui se passe présentement à l'APN ? Aucune certitude n'est soutenable si ce n'est qu'en se prolongeant la «crise» qui affecte le fonctionnement de l'institution va rendre inéluctable sa dissolution. Cette issue, il apparaît évident que les députés de la majorité ne l'ont nullement envisagée comme perspective en déclenchant leur fronde, s'étant convaincus que le véritable ordonnateur de leur mouvement obligerait le président de l'APN à vite jeter l'éponge et à leur remettre sa démission. Or Saïd Bouhadja qui n'a pas pour réputation d'être un personnage ne craignant pas d'enfreindre les injonctions venant «d'en haut» oppose une résistance à ses détracteurs qui a l'air de lui avoir été téléphonée par ce même cercle. L'impression s'installe que la prétendue «crise» parlementaire à laquelle l'on assiste n'est en fait qu'un scénario monté dont les acteurs apparents ignorent la finalité mais qui fait présager qu'ils en seront les dupes. Ce que veulent atteindre à travers elle celui ou ceux qui l'ont instigué est probablement en lien avec l'échéance de l'élection présidentielle qui en se rapprochant soulève une contestation populaire contre le projet du cinquième mandat qui va en s'élargissant. Que cela ait inspiré en haut lieu l'idée qu'ouvrir une crise parlementaire dont l'issue serait la dissolution de la chambre basse constituerait une diversion susceptible d'étouffer le débat âpre sur le contesté cinquième mandat, n'est pas à exclure tant est tortueux et jamais en manque de ruse politicienne le cerveau de ceux qui nous gouvernent. Cela est si vrai tant il apparaît que ces gouvernants parviennent à chaque coup à surprendre et à désorienter leurs compétiteurs par l'inattendu de leurs initiatives politiques qu'ils contraignent ce faisant à les subir dans l'impréparation de ripostes efficientes. Ce qui se passe à l'APN, une opération dont le montage n'a pas été échafaudé au sein du FLN mais au plus haut sommet du pouvoir sans que celui-ci ne s'en ouvre de ses intentions à ceux dont il est le tireur de ficelles, directions des parties de la majorité, parlementaires de celle-ci et « last but not least » le président de l'Assemblée lui-même.