Dans son ouvrage, il ne manque pas de nous éclairer sur certains pans de l'histoire de la zone d'Oran ; il évoque notamment Houari Oueld Abdelkader Belhadj) chauffeur de taxi qui était chargé de distribuer des tracts, faire des collectes de fonds et procéder au recrutement de militants. Il était aussi chargé de favoriser les allées et venues de Derrar Meftah et Dahaoui en ville ainsi qu'au départ des patriotes vers le maquis ; c'était l'adjoint de Derrar et son homme de confiance. On apprend par ailleurs que dans cet univers carcéral, le sort faisait aussi qu'un mari et son épouse (M Allou) se trouvaient dans la même prison l'époux condamné à mort et enchaîne dans un cachot alors que son épouse était obligé de courir toute nue, le fouet claquant sur sa peau sensible la marquant pour toute sa vie de profondes cicatrices. Il n'y avait pas que des Algériennes, des militantes françaises acquises et engagées pour la cause algérienne dans les rangs du FLN se trouvaient avec leurs sœurs algériennes. Telles Mme Martini et les deux filles du docteur Larribière, valeureux militant communiste. Ses deux filles étaient détenues avec l'une son mari, l'autre son fiancé. Tous les matins, elles entonaient le chant patrotique Maoutini. Lorsque la guillotine cède la place au peleton d'éxécution La guillotine a cassé de fonctionner en 1959, mais les exécutions ont continué sous une autre forme à savoir le peloton d'exécution.Les premiers à l'inaugurer, c'étaient les chouhada Mohamed Baghdadi alias si abdelwahad et Ahmed Moulat alias si Abdelhafid le 1er juillet 1959 à Canastel à 12 km à l'Est d'Oran. On a rapporté que les témoins et les soldats du peloton d'exécution avaient été fortement impressionnés par le courage des ces moujahidine qui avançaient en criant « Tahia el Djazair » . Ils ont su mourir à la manière des grands héros. Pour ce qui est du peloton d'exécution, revenons quelques décennies en arrière et remémorons-nous ce qui s'est passé Constantine le 29 juin 1875.Mohamed Ben Toumi dit Bouchoucha le grand résistant qui tient le maquis dans l'est du pays est blessé au cours d'un violent engagement contre les soldats français appuyés par des collaborateurs locaux, le 31 mars 1873. Il est fait prisonnier. On commence par le torturer sauvagement lors de ses interrogatoires. Ensuite, il est traduit devant un tribunal spécial. Au cours d'une audience, interrogé par le président du tribunal, Bouchoucha , découvre son dos pour montrer à l'assistance les profondes cicatrices, laissées par ses tortionnaires, Peine perdue, il est condamné à mort et passé par les armes le 29 juin 1875 à cinq heures du matin au champ des oliviers à Constantine. Il a su marcher dignement vers la mort et ne manqua pas de lancer plusieurs fois « Tahia el Djazair » en foudroyant du regard le peloton d'exécution de l'armée coloniale. L'officier français commandant le peloton d'exécution ainsi que les autorités civiles et militaires présentes ce jour-là furent impressionnées par son sang-froid et reçurent une leçon de courage de la part de ces héros de l'Algérie. Ali Zamoum, n'a jamais oublié ce jour du 19 juin 1956 « Le défunt (il s'agit de Ali Zamoum) avait partagé avec Si H'mida pendant des semaines et des semaines, les infortunes de la détention. Détention d'autant plus redoutable qu'ils étaient, aux côtés d'une douzaine d'autres militants, les pensionnaires du CAM. Trois lettres au travers desquelles l'administration pénitentiaire désignait les condamnés à mort. « Voisin » de cellule d'Ahmed Zabana, Ali Zamoum restera pour l'histoire le dernier Algérien à avoir conversé avec son frère d'armes. Le dernier à lui avoir souhaité du courage. Ilrapportera à ce propos encore « …. Un gardien vient me dire qu'Arab Hamraoui allait être hébergé dans ma cellule. Auparavant, celui-ci était installé avec Zabana et Mohamed Imerzoukène dans la même cellule qui faisait face à la nôtre et à côté de celle ou était détenu Moufdi Zakaria l'auteur du fameux poème sur Zabana (voir annexes). Le motif évoqué par les gardiens était qu'on allait réparer des WC à l'étage au-dessus. Quant à Imerzoukène , il fut logé ailleurs, lui aussi. Pour Si H'mida et moi, c'était la confirmation de ce que nous savions déjà. Ils l'isolaient pour le trouver seul le lendemain à l'aube. Avant de nous séparer, Zabana nous dit au revoir à tous. Il alla serrer la main de ceux qui n'étaient pas de sortie l'après-midi, mais cela paraissait tout à fait normal. C'est ce que nous faisions tous. Quand il m'a dit au revoir, nous savions que cela voulait dire adieu. Toute la nuit qui a précédé son exécution, raconte Ali Zamoum, nous sommes restés éveillés… nos cellules se faisaient face… Nous sommes restés accrochés aux deux petits barreaux, nos têtes dans l'encadrement, à échanger des propos… pour passes le temps… et la plus courte nuit a commencé…. Mes amis dormaient profondément, personne ne se doutait de rien. Auparavant, je lui avais envoyés une gamelle améliorée par nos soins avec quelques ingrédients achetés à la cantine (….) Il m'a offert un Coran et son carnet de notes. Un petit carnet bleu dans lequel il avait écrit les dates des différents procès, appels et cassation. La dernière en date set celle du rejet de la Cour de cassation. Sur une autre page, une liste de produits achetés à la cantine (…) il a rédigé une lettre à sa mère et il a prié. C'était la nuit du 18 au 19 juin 1956. Zabana et le jour fatidique « Lorsque les gardiens viennent, au petit matin arracher sa cellule Zabana, Ali Zamoum trouve, malgré la gravite en moment, quelque sérénité pour lui adresser quelques mots, en guise d'encouragement. Il raconte que tous les CAM étaient debout. Et tous les détenus de Serkadji se sont réveillés. Nous avons commencé à protester : « A bas l'impérialisme ! Vive l'Algérie libre ! L'ALN vaincra ! », suivis de chants patriotiques. Toute la prison était en effervescence. Ali Zamoum criait à son ami : « Courage. Il ne faut pas avoir peur. Courage Si Hmida ».Et Zabana de le rassurer : « Mais non, je n'ai pas peur, rassure-toi. C'est seulement celui-là qui nous dérange… » Ils les ont emmenés vers la cour d'honneur. « N'aie pas peur, Si Hmida ! N'aie pas peur ! », Crie Ali Zamoum à l'adresse de son ami. Au moment de quitter ses compagnons, H'mida répète jusqu'au lieu d'exécution : « Je meurs, mais l'Algérie vivra. Je meurs mais l'Algérie vivra. » Sa voix puissante s'élevait vers les salles et les cellules des étages de la prison, vite recouverte par les milliers de voix qui lui répondaient : « Vive l'Algérie ! Gloire aux martyrs » Arab Hamraoui dit Si Amar se rappelle aujourd'hui cette terrible journée du 19 juin 1956 et son ami le moudjahid Hmida Zabana (compagnons de cellule des CAM). Voulant cerner de prés ces moments douloureux qu'ont vécus le condamnés à mort de Serkadji, je suis parti à la recherche de Hamraoui le compagnon de cellule de Zabana. J'ai pu le localiser dans le village de Rafour à quelques Kilomètres de Maillot dans la wilaya de Bouira. Il m'attendait avec imaptience, averti de mon arrivée par l'association nationale des anciens condamnés à mort 1954-1962 (ANACM).Nous avons longuement discuté chez lui, entouré de ses enfants, sur son séjour à Sekadji. Il a confirmé les témoignages rapportés sur Zabana par Ali Zamoum dans Tamurth Imzighen. Si Amar a souligné le courage de Zabana et son haut degré de militantisme. Mais aussi ses désirs dans une Algérie indépendante. « Il voulait travailler comme éducateur d'enfants à l'indépendance. « Des extraits tirés du livre « Viva Zabana »