Le président de la République avait beaucoup parlé, ces temps-ci, de l'avenir et de la nécessité d'inscrire tout ce qui se fait, tout ce qui se décide, en ciblant un horizon lointain pour des programmations qui se succèdent par capitalisation des bilans précédents. Ce n'est pourtant pas sans inquiétude mais aussi sans espérance qu'est approchée toute tentation de produire une lecture de l'évolution de la situation de politique et de sécurité qui aura cours dans le futur immédiat, et occasionnellement dans le moyen terme, sachant que le long terme n'est pas la donnée qui préoccupe le plus. A l'heure où le futur sécuritaire a diminué d'importance dans les préoccupations des populations, de plus en plus les attentions sont portées sur le futur économique et social du pays. Le devenir socio-économique du pays occupera la place centrale dans les attentions des populations, et également dans celles des pouvoirs publics. Quel sera donc un tel futur dans la perception des populations qui lient leur devenir à leur propre situation socio-économique ? On peut d'autant se poser de telles questions qu'on ne trouve pas de réponse, pour ce qui concerne le futur, dans des lectures de l'avenir et des études de prospective qu'on ne trouve pas sur la place publique, si tant est que cela existe. Il est bien sûr une certitude que les pouvoirs publics voudraient bien interroger l'avenir, car, sans de telles investigations, il sera procédé à des tâtonnements, et donc la gouvernance se heurtera à des variables inconnues, car non identifiées. Si les populations se désintéressent, quand même, de la «chose» sécuritaire, il n'en est pas de même pour des observateurs qui se mettent en position de veille stratégique, au point où on se demande si ceux-là arrivent à trouver le sommeil, car ils donnent toujours l'impression d'être au courant bien avant que cela ne parvienne à la base. D'un côté, s'il est admis que le pouvoir politique sait ce qu'il fait car il prêche un peu trop par son unilatéralisme, qu'il a la certitude que la situation évoluera conformément à ses aspirations qu'il présente comme allant dans le sens du rétablissement de la paix et de la relance de l'économie, s'il est admis que lui seul possède les données qui lui permettront de faire des projections dans le court terme, si est grande la tendance à oublier que la violence n'est pas encore éradiquée et qu'elle a quand même survécu aux élections, au dialogue, aux démarches portant sur la Rahma dans tous ses volets, tout en reconnaissant tout de même qu'elle a été drastiquement réduite, il y aurait alors des raisons d'intégrer des éléments de quiétude dans les visions se rapportant à l'avenir. D'un autre côté, si les attentions se focalisent exclusivement sur la continuité de la violence, même si elles ignorent que celle-ci a été réduite de beaucoup, si les convictions sont grandes que ceux qui sont concernés par les mesures d'extinction des poursuites judiciaires ne renonceront pas aux idées qu'ils se sont empressés de formuler en direction de l'opinion publique, mais probablement aussi et surtout en direction du pouvoir politique, il y aurait alors des raisons d'intégrer des éléments d'inquiétude dans les visions se rapportant à l'avenir.