Le rapport sur la situation des droits de l'Homme en Algérie, concocté par le président de la Commission nationale de la protection et la promotion des droits de l'Homme (CNPPDH), a été remis au chef de l'Etat à la fin du mois de mars dernier. Dans son rapport, Farouk Ksentini a évoqué le cas “des oubliés de la réconciliation nationale” qu'il est nécessaire, selon lui, de prendre en charge. "Il s'agit de citoyens qui ont été victimes de dégâts matériels du fait du terrorisme mais qui n'ont pas été indemnisés. Il y a aussi des personnes déportées dans le sud où elles sont restées plus de deux ans sans être jugées avant d'être relâchées. Elles aussi ont subi un préjudice matériel et physique et n'ont pas obtenu réparation. La philosophie de la Réconciliation nationale est de ne laisser personne au bord de la route. Le nombre de ces déportés du sud se situe entre 15.000 et 18.000”, a révélé Me Ksentini, hier, sur les ondes de la radio nationale. Une partie des personnes appelées puis rappelées sous les drapeaux n'est pas également incluse dans la liste des ayants droit, puisque depuis plusieurs mois ils ne cessent de manifester devant les institutions de la République, le ministère de la Défense nationale et l'APN. Cette catégorie exige une réparation matérielle selon le degré des blessures subies, la revalorisation de l'indemnité du handicap qui ne dépasse pas 2.800 DA actuellement, et l'augmentation de l'indemnité des blessés, ainsi que la revalorisation de la pension militaire selon le grade et l'ancienneté. Parmi les revendications, l'indemnité de l'handicap aux parents des victimes et la prise en charge totale des familles et des veuves des militaires décédés dans le cadre de la lutte antiterroriste. Ces personnes jugent que les pensions ne sont pas à la hauteur des sacrifices consentis pour la République. Me Ksentini estimera que la Réconciliation nationale a atteint tous ses objectifs. Pour lui, “c'est tout de même remarquable car l'opération était lourde et coûteuse pour l'Etat. La Réconciliation a fait l'unanimité dans le pays”, a-t-il ajouté. L'intervenant avouera qu'une «infime minorité, moins d'une centaine de familles», refuse toujours la prise en charge de l'Etat, concernant les personnes disparues. «On ne peut pas imposer une indemnisation. Sur cette question, il a été fait tout ce qui était possible qu'il soit fait. Plus de 95% des familles des disparus ont accepté les indemnisations», a-t-il précisé. Me Ksentini a estimé à 7.200 le nombre officiel de personnes disparues, chiffres fournis par la Gendarmerie nationale. Le président de la CNPPDH proposera, par ailleurs, une nouvelle loi qui oblige les autorités à retirer à leurs familles les enfants maltraités. Farouk Ksentini conclura en plaidant en faveur de l'abolition de la peine de mort en Algérie. “Il faut se montrer patient car il s'agit d'un combat”, a-t-il soutenu.