Si la filière de la tomate industrielle connaît, depuis ces deux dernières années, un léger mieux grâce à l'application de mesures d'encouragement en faveur des producteurs et transformateurs du fruit, il n'en est pas de même pour celle du lait qui continue d'enregistrer des dysfonctionnements à l'origine d'un déficit chronique de ce produit de large consommation. Sur une production moyenne annuelle de 30 millions de litres de lait, 1 400 000 litres sont réceptionnés par les unités de transformation. L'essentiel de la production de lait, assurée par quelque 12 000 vaches de race locale et d'importation, est écoulé sur le marché informel. La filière lait nécessite, aujourd'hui plus que jamais, un effort de réorganisation avec la définition des rôles et missions des intervenants depuis l'éleveur en passant par les collecteurs et les transformateurs de lait. L'image des vaches qui fréquentent les décharges publiques et « déambulent » dans les parages des cités périphériques de la ville de Annaba illustre, on ne peut mieux, la situation peu enviable de la filière lait et le recul de cette activité qui était, à l'époque, mieux organisée, en dépit de l'absence de moyens, tels les écuries et étables qui sont légion aujourd'hui sans qu'elles ne soient exploitées. Il faut souligner que l'élevage bovin a commencé à péricliter avec l'exode rural qu'a connue la région de Annaba avec l'implantation d'unités industrielles. L'élevage bovin, qui se pratiquait aussi bien par les agriculteurs que par les familles ne disposant pas de leurs propres parcours, devient, par la force du temps, une activité peu enviée. Les terres en jachère au niveau de la plaine de Annaba et des piémonts des Djebel Edough de Séraïdi et de Medjez Rassoul (Aïn Berda ), ainsi que le pourtour du lac de Fetzara (Chorfa, El Eulma et Berrahal), qui étaient très fréquentées par les éleveurs de bétail, ne servent plus à rien parce qu'elles sont tout simplement abandonnées par les bergers, lesquels ont opté pour d'autres métiers plus rémunérateurs. Certaines familles, qui tiraient leurs revenus de l'élevage bovin laitier, ont vendu leurs cheptels pour investir dans d'autres créneaux tels le commerce, le transport des voyageurs, ainsi que les cultures et spéculations agricoles plus rentables (tomate industrielle, aviculture, etc.) Le rétrécissement des parcours de pâturages, engendré par les reformes agricoles qui se sont succédées les unes aux autres, depuis l'autogestion jusqu'à la création des exploitations agricoles collectives (EAC) et individuelles (EAI), a été, par ailleurs, un des facteurs ayant découragé les éleveurs traditionnels de vaches laitières, car n'ayant plus d'espaces pour maintenir leur activité. A cela, il faut ajouter l'augmentation des prix des aliments de bétail, tels le fourrage et le foin. L'importation de vaches laitières et l'insémination artificielle, adoptée en tant que stratégie pour améliorer la race bovine, ainsi que les subventions accordées aux collecteurs, dont certains ont bénéficié de crédits bancaires au titre des dispositifs de soutien de l'Etat à l'emploi, n'ont pas donné les résultats escomptés. Le redressement de la filière du lait est plus qu'impératif, si l'on veut réduire la facture d'importation de ce produit, d'où la nécessité d'engager une réflexion approfondie autour de cette démarche.