Nous sommes satisfaits du taux de suivi de la grève, mais déçus par les tergiversations et le comportement non civilisé du pouvoir », a déploré M. Mériane, porte-parole de la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique, initiatrice de l'action de protestation nationale de trois jours qui a commencé hier. Cette organisation syndicale renfermant neuf syndicats autonomes condamne la gestion par le gouvernement du dossier des doléances des fonctionnaires. Jusqu'à l'heure actuelle, aucune initiative allant dans le sens de l'apaisement n'a été entreprise. Bien au contraire, les pouvoirs publics veulent, selon les syndicats, le pourrissement. Hier, au premier jour du mouvement de débrayage, M. Mériane a dénoncé l'utilisation des médias lourds pour tenter de casser un mouvement pacifique. Les pouvoirs publics ont utilisé une méthode archaïque pour casser la dynamique initiée par les syndicats autonomes. La radio et la télévision ont, dès l'annonce de notre mot d'ordre de grève, répercuté un communiqué annonçant le gel de la grève par trois syndicats dont l'un n'a jamais signé le mot d'ordre de grève », a tonné notre interlocuteur, qui s'interroge d'abord sur les véritables motivations ayant poussé le Satef et le SNTE à changer de position à la dernière minute et pourquoi le choix de la casse à la place d'un dialogue sincère. « Nous voulons l'ouverture d'un dialogue serein et responsable autour de nos revendications légitimes, mais le pouvoir refuse apparemment cette façon civilisée de résoudre les problèmes des fonctionnaires », a indiqué M. Mériane. Des arguments légers Celui-ci a rejeté en bloc les arguments avancés par les syndicats qui se sont rétractés, à savoir la ponction sur salaires et la révision de la Constitution. « Ces arguments ne tiennent pas la route. On s'attendait à une casse de la part du pouvoir, mais cette fois-ci il a trouvé des sous-traitants. Néanmoins, cela est un point positif, car il va nous permettre de faire notre décompte et d'écarter les gens qui n'assument pas leurs missions et responsabilités », a souligné M. Mériane qui estime que les syndicats attendent des responsables « s'ils sont dignes de ce nom » de prendre un peu de leur précieux temps pour se pencher sur les problèmes exposés par les fonctionnaires. Dans le cas où le pouvoir persiste dans son mutisme et continue à tourner le dos au cri de détresse des fonctionnaires, ces derniers promettent de paralyser les secteurs névralgiques en observant une grève illimitée. « Les fonctionnaires sont à bout de nerfs. Ils en ont ras-le-bol de cette situation et demandent tous une action d'envergure leur permettant de mettre fin à leur calvaire et de vivre dignement. Nous touchons un salaire de misère nous n'avons donc rien à perdre », a soutenu M. Sadi de l'Unpef. Il n'a pas manqué de tirer à boulets rouges sur le Snapap qui n'a pas été associé à l'assemblée générale ayant cautionné l'appel à l'avis de grève, mais qui a annoncé le gel de la grève. « De quelle grève parle le Snapap, il n'a pas assisté à notre AG. Pis encore, deux autres syndicats ont annoncé leur retrait sans avoir consulté leur base. Ces syndicats (redresseurs) ne sont finalement que des clones, ils ont des cachets, mais pas de base », a lancé M. Mériane. Grossière Manipulation M. Sadi a quant à lui appelé ses adhérents à se joindre au mouvement de grève. « Ils ont semé la confusion en murmurant par-ci et par-là que l'Unpef a jeté l'éponge, nous sommes partie prenante de cette grève et nous irons jusqu'au bout », a tonné M. Sadi. Pour ce qui est de la grève, elle a fait le plein dans le secteur de la santé puisqu'elle a été suivie à hauteur de 90% et le taux de suivi se situe entre 60 et 70% dans le secteur de l'éducation. Les wilayas où la paralysie était totale sont Oran, El Bayadh, Adrar, Béchar, Béjaïa, Tizi Ouzou, Oum El Bouaghi, Jijel... « Sans aucune exagération, le secteur de la santé a été paralysé à 100%, il y a eu une cohésion tout en assurant un service minimum », a soutenu notre interlocuteur. Par contre, dans le secteur de l'éducation, le suivi a été excellent à l'Ouest et au Sud, faible au Centre et appréciable à l'Est. « Dans certains régions l'on a enregistré l'arrêt des cours dans tous les établissements et dans d'autres cela varie d'une école à l'autre », a indiqué M. Mériane, qui a tenu à préciser qu'en dépit du jeu trouble des pouvoirs publics, les syndicalistes sont déterminés à arracher leurs droits.