Coïncidence du calendrier, la Journée du moudjahid et celle de l'Aïd El Adha sont tombées en même temps. Du coup, une certaine confusion s'est emparée de la population désemparée, faut-il sacrifier un mouton ou égorger un traître à la patrie, louer de la viande ou acheter une licence de moudjahid pour se payer une voiture de boucher ? Le fait est que les Algériens ont dépensé 1500 milliards dans le mouton pour l'Aïd selon les chiffres et n'ont pas vu la Journée du moudjahid, passée à la vitesse d'une Porsche. Mais il faut se rappeler deux choses, d'abord Ibrahim allait sacrifier son fils, quand l'ange Gabriel est venu lui conseiller un animal plus tendre. Ensuite, c'est à La Casbah et sous la dictée de Boudiaf et Didouche, que le journaliste El Aïchaoui a écrit la Déclaration du 1er Novembre, où l'on peut encore retrouver pourquoi le groupe «a jugé le moment venu de sortir le mouvement national de l'impasse où l'ont acculé les luttes de personnes et d'influence». Toute ressemblance avec des événements ayant cours aujourd'hui est évidemment fortuite, tout comme pour cet autre extrait de cette déclaration sur «le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions» ou encore «l'assainissement politique par l'anéantissement de tous les vestiges de corruption». 64 ans plus tard, la corruption reste maîtresse du pays pendant que le Président, celui du FLN assaini, pond une déclaration pour le 20 août, dans laquelle il demande aux Algériens de «faire face aux fléaux de la corruption et de la drogue», comme si c'était à eux de le faire. Quant aux libertés fondamentales, on peut toujours les chercher, elles doivent être encore cachées sous des tonnes de laine de moutons sacrifiés. On pourrait se demander pourquoi Ibrahim a voulu tuer son enfant. Sauf que la question n'est pas là, il faut plutôt se demander si un mouton avait lu la Déclaration de Novembre se serait-il révolté contre ce sacrifice où il est le seul à être sacrifié ?