Le mouvement appelé Aokas Collectif, qui renferme des militants associatifs et politiques et des habitants de la région d'Aokas, s'oppose farouchement à la construction d'un célibatorium pour la police localisée près du complexe sportif de proximité d'Aokas. Pour exprimer leur opposition, une marche pacifique, qui a démarré de la place Katia Bengana, au centre-ville, pour aboutir sur le site du chantier, a été organisée hier. S'appuyant sur un argument juridique (le projet n'a pas obtenu de permis de construire), les opposants dénoncent l'illégalité de la construction. Selon un manifestant, «ce projet a été lancé en chantier sans permis de construction, à une période où l'APC connaissait un blocage de son exécutif en 2015. Les travaux ont démarré en catimini». Le maire de la ville a rendu publique une mise en demeure qu'il a adressée à l'entrepreneur pour arrêter immédiatement les travaux, constatant que l'entreprise continuait «les travaux de construction d'un célibatorium illicitement et illégalement sans permis de construire au POS n°3, cité 215 Lgts, côté CSP Aokas». Hier, la foule a scandé : «Non aux casernes, oui aux écoles et aux hôpitaux.» Le ton est ainsi donné. Les manifestants réclament l'annulation du projet. «Lorsqu'on demande un équipement public on nous répond qu'il n'y a pas d'argent. Des projets d'utilité publique ont été gelés au grand désarroi de la population, mais pour construire une structure de sûreté, le problème financier ne se pose plus», déplore un manifestant. Arrivés devant le chantier, des pancartes ont été accrochées à sa clôture. On peut lire sur certaines d'entre elles des mots d'ordre hostiles à la présence policière et militaire massive dans la région : «Halte à un Etat policier», «Les casernes, ça suffit !» Une présence «passive ou presque inutile» veut-on signifier sur une autre pancarte où il est écrit : «Police partout, sécurité nulle part» ou «Police, respectez les lois, ne faites pas la loi !» Interpellé, le chef du chantier exhibe un ODS de démarrage des travaux, mais sans le permis de construire sur la base duquel est établi l'ODS. Les esprits s'échauffent. Des manifestants menacent même de recourir à la force si le chantier n'est pas désinstallé dans les heures qui suivent. «La police, censée faire respecter les lois de la République, a foulé au pied la loi en fermant les yeux sur un chantier qui démarre sans permis de construire», lance un animateur qui ajoute : «Dans le périmètre de la bande boisée, on parle d'un projet de centre de repos pour le personnel de la DGSN, et une extension pour la brigade de gendarmerie et de la caserne militaire a pris deux hectares en plein centre-ville.» Après la marche, une réunion a eu lieu dans le but de désigner une délégation qui fera le déplacement à Béjaïa aujourd'hui pour rencontrer le président de l'APW, à la demande de ce dernier, selon les animateurs.