La semaine dernière, une jeune collégienne d'un CEM dans la ville de Annaba a perdu la vie, suite à des coups de bâton que l'enseignante lui aurait infligés. Notre propos n'est pas de faire un procès d'intention à la mouâlima qui, selon le corps enseignant, est une « prof exemplaire et dévouée dans son labeur », d'autant que la jeune adolescente souffrait d'une pathologie chronique. Reste à définir le lien entre le châtiment corporel et la blessure morale qui a déclenché le « nazif » avant que mort s'ensuive… Nous nous gardons de nous ériger en spécialistes du psychosomatique et du concours de circonstances qui ont conduit à la fatalité. Soit. Mais, ne soyons pas dupes ; avouons que ce type de comportement répréhensible dont usent certains instituteurs n'est pas rare dans nos écoles. Il fait plutôt école. Nos potaches font les frais, la plupart du temps, de l'humeur maussade des enseignants qui, sous pression, recourent à une attitude d'un autre âge ! J'ai sous mes yeux la décision du ministère de l'Education nationale (n° 02/171 du 1er juin 1992), mettant en garde le corps enseignant contre les dérives antipédagogiques que résument en gros l'interdiction de recourir au châtiment corporel, l'humiliation verbale et autres injures à même de traumatiser l'enfant. Les répercussions que peuvent générer nos réflexes répulsifs sur son être fragile l'encagent dans un moule réducteur et inhibent son épanouissement, selon l'analyse des psychopédagogues. On disconvient aussi que nombre d'enseignants du premier palier scolaire investissent l'estrade de la classe alors qu'ils viennent à peine de sortir de leur adolescence avec, en « poche », un cursus tronqué de modules importants comme la psychopédagogie ou la « pédopsychologie » (excusez si ce terme n'existe pas !) Dans la foulée, un voisin de palier me rapportait, il y a quelque temps, un autre cas, celui d'une petite fille de 2e année primaire qui, toute en pleurs, se jette dans les bras de son papa qui l'accueille à la sortie de l'école située sur les hauteurs d'Alger. La jeune Wafa, dont l'âge tendre ne saisit pas la portée de la méchanceté de son institutrice, s'est vu arracher une touffe de ses beaux cheveux d'ébène, après avoir été tournée en bourrique et maltraitée devant ses camarades. « Bien que votre fille obtienne de bonnes notes, elle reste trop turbulente, Monsieur », lance toute honte bue la « pédagogue » à l'endroit du papa. Belle réplique d'une « moudarissa » qui, refusant les reproches et remarques, a réussi à casser en partie l'espoir d'une graine qui monte. Celle d'une enfant dont « les résultats sont depuis dans une courbe descendante », me susurre imperceptiblement le papa en quête d'un psychologue qui, faut-il le souligner, fait tant défaut dans nos établissements scolaires.