La décision du président américain est loin de faire l'unanimité au sein de l'OTAN, a reconnu son secrétaire général, Jens Stoltenberg. Les représentants des 29 membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan) se réuniront aujourd'hui à Bruxelles. C'est ce qu'a annoncé hier le secrétaire général de ladite Alliance, Jens Stoltenberg. L'objectif de cette rencontre, selon le même responsable, consiste en l'évaluation des conséquences de l'annonce récente du président américain de se retirer du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF), signé il y a un peu plus de 30 ans avec l'URSS, et sa menace d'accroître l'arsenal de son pays. Les membres de l'Otan refusent le déploiement de nouvelles armes nucléaires en Europe pour répondre aux menaces de la Russie, a-t-il indiqué. «Nous ne voulons pas d'une nouvelle guerre froide, nous ne voulons pas d'une nouvelle course aux armements», a-t-il soutenu. Et d'ajouter : «Je ne pense pas que les membres de l'Otan vont accepter de déployer davantage d'armes nucléaires en Europe pour répondre au nouveau programme de missiles russes SSC-8 (nommés 9M729 en Russie).» Le président américain, Donald Trump, a annoncé samedi le retrait des Etats-Unis de l'INF, interdisant le déploiement des missiles nucléaires d'une portée allant de 500 à 5000 kilomètres, conclu avec l'Union soviétique en 1987. Il a également menacé d'accroître l'arsenal nucléaire américain pour contrer le développement et le déploiement par la Russie d'un nouveau système de missiles à longue portée. La décision du président américain est loin de faire l'unanimité au sein de l'Alliance, a reconnu Jens Stoltenberg. «Le traité INF est très important, mais ne fonctionne pas s'il n'est pas respecté. Les Etats-Unis respectent leurs obligations, mais la Russie les viole», a rappelé Jens Stoltenberg. Des discussions sont également en cours avec Moscou pour convenir d'une réunion du conseil Otan-Russie, a-t-il précisé. Le syndrome des euromissiles Les 29 pays de l'Otan mènent en Norvège les plus grandes manœuvres militaires depuis la fin de la guerre froide. Cette démonstration de force vise à tester la capacité de l'Alliance à repousser une agression. «Il s'agit d'un message clair à l'adresse de tous les agresseurs», a soutenu Jens Stoltenberg. La Russie a été invitée à observer les manœuvres des alliés et «nous espérons qu'elle évitera tout comportement périlleux», a observé le secrétaire général de l'Otan. Washington a accusé Moscou d'avoir déployé le système de missiles 9M729, dont la portée, selon l'administration américaine, dépasse les 500 km. Ce qui constitue une violation du traité INF. En réaction, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a fait état dimanche de «chantage», et la veille, une source du ministère russe des Affaires étrangères a affirmé que Washington «se rapprochait de cette étape depuis plusieurs années en détruisant délibérément et pas à pas la base de cet accord». En 1977, l'Union soviétique annonce le déploiement en Europe centrale des missiles SS20, de portée intermédiaire. La première réplique américaine intervient en 1979, avec l'annonce par Washington du déploiement en Europe occidentale de missiles Cruise et Pershing II. Déploiement qui ne devait cependant être effectué, selon l'administration Carter, avant 1983 et ne pourrait se faire que dans le cadre de l'Otan. Elu président en 1980, Ronald Reagan décide de mettre en place une politique agressive à l'égard de l'Union soviétique. Il lance ainsi la «Guerre des étoiles» contre ce qu'il appelle «l'Empire du mal». En 1983, il déploie en Allemagne fédérale, au Royaume-Uni et en Italie les missiles américains Pershing et Cruise. En décembre 1987, Washington et Moscou signent l'INF. Il est d'une durée illimitée et abolit l'usage de toute une série de missiles d'une portée variant de 500 à 5500 km.