A deux mois de la tenue de son 9e congrès – si les délais sont respectés –, le FLN n'arrive toujours pas à accorder ses violons. Outre « les attaques » des contestataires menés par l'ancien chef du groupe parlementaire, Abbas Mikhalif, l'ex-parti unique fait face à une fronde à l'intérieur de ses rangs. L'association de la base militante aux débats qui devraient avoir lieu après l'adoption, par le dernier conseil national, des textes à soumettre aux congressistes, ne s'est pas faite. Nombreuses sont les mouhafadhas qui sont remontées contre la direction de Belkhadem et la manière avec laquelle les préparatifs du congrès sont menés. Le mécontentement gagne les mouhafadhas les plus importantes, à commencer par celle d'Oran. Selon Tayeb Ibrahim Hassan, membre du conseil national et sénateur, tout va au plus mal. Il a résumé la situation en disant que « le FLN, en tant que structure organique, n'existe pas à Oran, on est sans mouhafadh depuis 2004 et les vrais militants sont écartés. Je dois dire que le parti fonctionne dans l'illégalité, les statuts du parti sont bafoués ». A qui la faute ? « C'est un cumul de problèmes et de conflits », a indiqué le sénateur, avant d'ajouter : « La responsabilité de Amar Tou (ministre et membre de la direction du parti, ndlr) est totale dans ce qui arrive à notre parti à Oran. Il veut imposer aux militants une personne qui ne jouit d'aucune légitimité. Et, plus grave encore, c'est de voir des relents régionalistes. » La même situation prévaut à l'extrême est du pays. Chez les « frontistes » de Annaba, la mouhafadha est traversée par « une crise aiguë » a affirmé un cadre du FLN. « Le temps est aux manœuvres et aux batailles d'arrière-garde. Le débat politique qui devrait avoir lieu autour des textes du congrès est complètement évacué », a-t-il tranché. Même cacophonie à Souk Ahras, où les militants menacent de boycotter carrément le congrès. Leurs camarades d'El Oued sont passés à l'action en organisant un rassemblement pour « dénoncer les pratiques de l'appareil ». Profitant de cette « déconfiture », les opposants à la direction du parti issue du congrès « redresseur » mettent plus de pression dans l'espoir de se redéployer et occuper les devants du parti. Ils ont multiplié les réunions. Après celle d'Alger la semaine passée, une autre s'est tenue avant-hier à Mostaganem, « regroupant les mouhafadhas de l'ouest du pays », à en croire le communiqué rendu public hier. Ils estiment que « l'actuelle direction veut tenir un congrès sans les véritables militants ». Les contestataires sont allés jusqu'à évoquer « le phénomène de la corruption est utilisé comme un moyen de se positionner au sein de la direction future du parti ». Ces derniers menacent d'occuper le siège national « et ne pas le quitter jusqu'au rétablissement de la justice au sein du parti », ont-ils écrit dans leur communiqué. C'est dans ce contexte « très flou » que le secrétaire général de l'instance exécutive du parti, Abdelaziz Belkhadem, s'apprête à rencontrer aujourd'hui les mouhafadhs pour tenter de désamorcer la situation. Ce n'est pas une sinécure, d'autant que Belkhadem contrôle difficilement l'organisation FLN.