Fait marquant de l'année 2020. Ayant ébloui le monde par son pacifisme, le mouvement populaire du 22 février 2019, le hirak, a donné aussi une véritable leçon de civisme. Après plus d'une année de manifestations de rue pour exiger un changement radical du système, les hirakistes ont décidé de suspendre les marches hebdomadaires à cause de la pandémie Covid-19. Summum de «sagesse». La décision n'a, pourtant, pas été facile à prendre. Un débat s'est installé alors parmi les différents acteurs du hirak autour de la justesse d'une telle décision et surtout «le danger» de voir le pouvoir profiter de cette trêve pour fermer définitivement l'espace public et interdire, à nouveau, les marches. Au final, c'est la voix de la raison qui l'a emporté. Plusieurs acteurs avaient pesé dans cette décision, en affirmant que «le meilleurs moyen de préserver le hirak, tout en réfléchissant collectivement aux alternatives, était de préserver la santé des citoyens». Mais tous ont précisé que la suspension était temporaire et qu'il n'était pas question d'abandonner ce processus révolutionnaire avant de cueillir le fruit mûr de la démocratisation du pays. Mais depuis le 15 mars, aucune manifestation publique n'a été autorisée. Pis encore, les craintes des hirakistes se sont confirmées avec l'accentuation de la répression qui vise des militants et des activistes. Des dizaines d'entre eux sont convoqués par les services de sécurité et par la justice pour leurs publications sur les réseaux sociaux, dont certaines remontent au début du hirak. Les tentatives, en été dernier, de reprendre les marches ont été avortées et de nombreux manifestants ont été arrêtés, maintenus en garde à vue avant d'être présentés devant la justice qui les a poursuivis pour divers chefs d'accusation. Alors que les différents acteurs impliqués dans le hirak entretiennent l'espoir de voir la mobilisation reprendre puissamment après... la crise sanitaire, le pouvoir et ses affidés décrètent déjà la fin de «l'histoire». «Le hirak est fini», disent-ils, alors qu'en mars dernier, ils suppliaient presque les Algériens de suspendre le mouvement pour éviter la propagation de l'épidémie mondiale. Y aura-il un deuxième round en 2021 ? Advertisements