Que l'on ne s'y trompe pas. La révolte violente des jeunes des cités de banlieues n'est pas le fait de « casseurs ». Ses origines viennent de loin. Trente ans de frustration, d'humiliation, de marginalisation. Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, président de l'UMP et surtout candidat à l'Elysée, est celui qui a allumé le feu. Lors de ses déplacements hautement médiatisés, l'on se demande d'ailleurs si les chaînes de télévision gardent encore une certaine distance, une retenue, tant elles épousent de facto immanquablement ses thèses, on ne sait jamais qui est sur le terrain. Le ministre ou le présidentiable. En usant et abusant d'un langage guerrier contre ces jeunes, le locataire de la place Beauvau croit racoler l'électorat de l'extrême droite et rassurer la frange dure de son propre parti, en colère après ses déclarations sur le vote des immigrés. Ses provocations, ses insultes, ne cherchaient pas l'apaisement. Au lendemain de la mort des deux adolescents, il a dédouané immédiatement les policiers. Les deux ados ont été présentés comme des voleurs, fuyant des policiers imaginaires. L'insulte même après la mort. A l'exception notable de Libération et de l'Humanité, toute la presse a fait sienne la version officielle. Puis, on a découvert que non, les ados n'avaient rien volé, qu'ils jouaient au foot. Et que, selon des témoins cités par Libération, ils étaient bien poursuivis. Les médias, principalement de l'audiovisuel, reprennent en chœur sans le conditionnel de rigueur « le prêt-à-être-diffusé » mixé par les autorités et dénient aux jeunes la moindre affirmation, sinon une émotion violente, voire enflammée. Azouz Begag a raté une bonne occasion de se démarquer du premier flic de France. En présentant sa démission, il aurait désavoué publiquement et sans ambiguïté la gestion répressive d'un profond malaise social. Ce week-end, l'on ne peut avoir une indignation sélective. Ce qui s'est passé à Clicy-sous-Bois est dramatique. Tout comme l'assassinat de ce père de famille à Epinay.