La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme dénonce l'attitude des forces de l'ordre qui ont violemment réprimé les manifestants. Le mur de la peur s'est effondré», «les citoyens algériens ont prouvé qu'ils rejettent le système»… Les membres de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), initiateurs de la marche d'hier, se sont montrés satisfaits de la mobilisation et de la réussite de cette action. «Les citoyens algériens ont prouvé par leur présence aujourd'hui leur attachement aux revendications de la coordination. Nous avons enregistré une adhésion populaire impressionnante», déclare Moumen Khellil, responsable de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh). La Ligue, ajoute-t-il, dénonce l'attitude des forces de l'ordre qui ont violemment réprimé les manifestants : «La Laddh dénonce énergiquement le comportement agressif et disproportionné des services de sécurité. Le pouvoir a démontré qu'il ne veut pas d'action pacifique.» Même son de cloche chez les responsables du MDS. Pour Hamid Ferhi, cadre de ce parti, l'action a réussi sur plusieurs plans : «Malgré un impressionnant dispositif de sécurité, les Algériens ont réussi à braver l'interdit. La manifestation s'est déroulée dans le calme, malgré quelques provocations venant principalement de jeunes manipulés. Ce qui est bien est que les manifestants n'ont pas répondu à la manipulation.» Notre interlocuteur estime que près de «10 000 personnes sont passées aujourd'hui (hier, ndlr) par la place du 1er Mai». Dans la foulée, Hamid Ferhi salue l'adhésion des leaders de l'opposition démocratique à cette action : «Ce qui est bien dans cette manifestation c'est que tous les leaders de l'opposition démocratique étaient présents et ils se sont dissous parmi la population. Je pense qu'on vient de casser le mur de la peur», insiste-t-il. Sadi : «L'histoire est en marche» Pour Rabah Abdallah, journaliste et porte-parole du Comité national pour la liberté de la presse (CNPL), la mobilisation «était au rendez-vous». «Il y a un besoin de s'exprimer. La preuve est là. Nous avons ici une Algérie plurielle. En dépit d'une répression terrible, des milliers de gens ont manifesté», souligne Rabah Abdallah, en mettant l'accent sur la sagesse et le calme dont ont fait preuve les manifestants. «Ce qu'il faut relever, c'est que la marche d'aujourd'hui s'est passée dans le calme. Les manifestants n'ont pas répondu à la manipulation. Il faut signaler aussi que les jeunes qu'on a manipulés pour perturber ont fini par rallier les manifestants. Cela prouve qu'on ne peut pas exploiter la détresse des gens qui ont compris qu'il faudra que ce système change», enchaîne-t-il. S'exprimant au milieu des manifestants, le président du RCD, Saïd Sadi, assure que le changement aura lieu : «L'histoire est en marche. Le changement aura lieu d'une façon pacifique ou dans le chaos.» Salem Sadali, porte-parole du Satef, souligne de son côté «les fausses promesses du pouvoir qui vient d'être disqualifié». «Il a parlé d'une ouverture des médias lourds, mais il continue d'utiliser l'ENTV comme instrument de propagande. Le pouvoir interdit également les manifestations à l'intérieur du pays», explique-t-il. Participant également à cette manifestation, l'artiste Amazigh Kateb, fils de l'écrivain Kateb Yacine, affirme que «l'action d'hier permettra aux Algériens de reconquérir leur citoyenneté». «Nous demandons la levée immédiate de l'état d'urgence et l'ouverture du champs médiatique. J'espère que l'action du 12 février ne sera qu'un début», conclut-il. La CNCD se réunira aujourd'hui pour décider des suites à donner à cette action.