Raouraoua déclinant contre toute attente de se porter candidat à un second mandat à la tête de la Fédération algérienne de football qui coulait de source, d'aucuns ont peine à croire que cette décision, qui a par ailleurs complètement déstabilisé la raison même de la prochaine assemblée générale élective, a été prise en toute certitude, loin d'une quelconque pression. La question est de savoir pourquoi le patron de la FAF s'est résolu à quitter brutalement la table au moment où il avait le soutien massif de ses pairs lors de l'AG ordinaire, confirmé par l'adoption presque à l'unanimité du bilan moral et financier. Cette attitude, assurément, renferme un gros paradoxe qui confirme que la FAF reste soumise à des enjeux qui dépassent le terrain du football. Dans cette optique, la vraie fausse confrontation qui s'est installée entre lui et le ministre de la Jeunesse et des Sports ressemble davantage à un prisme déformant, juste pour détourner l'attention de l'opinion publique, qu'à une divergence de fond dont les prolongements pourraient avoir des conséquences graves pour l'avenir du sport roi si elle n'était pas maîtrisée à temps. En quoi, en effet, la volonté de la tutelle de mettre un peu d'ordre dans les institutions relevant de sa responsabilité et de contrôler l'argent public pouvait-elle constituer un handicap majeur pour la bonne marche de la première fédération du pays ? Il se trouve que si la menace de représailles de la part de la FIFA est aujourd'hui brandie pour contrecarrer ce qu'il a appelé l'ingérence du MJS, avec en arrière-fond les pires retombées pour notre football, c'est sûrement pour continuer à garantir une sorte de no man's land à une structure sportive dont le statut doit être différent de toutes les autres. Raouraoua a tenu à cette « indépendance » sous le couvert de l'instance internationale, mais la tournure des événements a fait que, quelque part, on ne s'accommode plus ni de sa politique ni de ses méthodes, même s'il a affirmé avoir accompli sa mission. Son départ a été programmé, non pas parce que l'équipe nationale a fait un double ratage en Coupe du monde et en coupe d'Afrique, mais bien pour des considérations que la raison ignore. On assiste ainsi à un véritable coup de force pour ramener la FAF dans le giron, sauf qu'en partant le président sortant a laissé une situation explosive à la tutelle avec une fédération dont curieusement personne ne veut plus. L'effet Raouraoua s'est traduit pour sa succession par une seule et unique candidature qui ne fait pas l'unanimité, avec laquelle le MJS doit composer au risque de compliquer les relations avec la FIFA. C'est l'histoire de l'arroseur arrosé, car entre Guidoum, qui est venu avec ses gros sabots pour secouer le cocotier, et ce dernier qui était de toute façon sur la ligne, le bras de fer engagé n'a servi qu'à alimenter les colonnes des journaux. Un dribble de trop...