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Les anciens militants du FIS préparent leur come-back
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Publié dans El Watan le 20 - 01 - 2012

Importateurs, marchands ambulants, animateurs de halaqate… La dissolution du FIS n'a pas fait disparaître ses militants qui, dans l'ombre et sous couvert des affaires, «sensibilisent» toujours les Algériens à leur projet de «dawla islamiya». Et attendant que leur heure revienne.
«Nous n'avons pas changé. Notre projet est le même. Le temps nous a donné raison. Regardez toutes ces femmes autour de vous : ce sont toutes des mouthadjbate.» Devant sa boutique de lingerie fine, à «Dubaï», le marché d'El Djorf (Bab Ezzouar), akh Abderrahmane* nous prend à témoin. Pour ce quadra, ancien militant du Front islamique du salut, le parti est «toujours là» et n'a jamais «cessé d'exister». «Nous sommes certes exclus de la politique, mais nous faisons notre travail de sensibilisation et de prévention différemment. La population est très attentive à notre discours, qui reste le même», assure-t-il. Vingt ans après le 11 janvier 1992, que reste-t-il de la mouvance salafiste ? Que sont devenus les militants du FIS dissous ? Faycal, la cinquantaine, ex-élu local du FIS, s'est recyclé dans la vente de voitures allemandes, à la cité des Bananiers à Bab Ezzouar.
Il vend et revend des berlines d'importation et, la barbe teintée de henné, nous parle de politique. «Il n'y a plus de politique, il ne reste que les affaires. C'est là où tout se joue. Comme disent les Gouars, il faut avoir les moyens de sa politique !, ironise-t-il avant de redevenir sérieux. Je vois souvent mes frères, nous discutons beaucoup de politique, nous restons attentifs à ce qui se passe sur la scène politique, nous analysons la donne et, en fonction, nous prenons des décisions», explique-t-il. Quelles décisions ? «Chaque chose en son temps…», se contente-t-il de nous répondre. Faycal n'est pas le seul dans le business des voitures d'importation. Zakaria, son «frère», installé dans une rue fréquentée par les importateurs à Rouiba, s'est aussi reconverti dans le créneau. «J'ai passé cinq ans en prison pour troubles à l'ordre public. A ma sortie, en 1998, je n'avais même pas de quoi nourrir mon enfant âgé de 4 ans. Grâce à mes frères, j'ai pu travailler sur le marché de Rouiba. J'ai commencé par vendre des voitures ZH et petit à petit, je suis monté dans la gamme», nous raconte-t-il.
«Droit chemin»
Pour cet ex-militant islamiste, «le projet tient toujours. Tôt ou tard, nous le réaliserons». Ce «projet» dont ils parlent tous, c'est la «dawla islamiya» (Etat islamique). Akh Moussa, importateur de téléphones portables et d'accessoires, reste lui aussi un élément actif, dans l'ombre, avec d'autres ikhwa. «Nous sensibilisons les jeunes, nous leur expliquons notre point de vue par rapport à ce qui s'est passé pendant les années 90. Les jeunes ont compris notre message et les choses vont bien», promet-il. Grâce à un large réseau de commerçants, importateurs, marchands ambulants, imprimeurs, moniteurs de sport de combat, animateurs de halaqate et autres prédicateurs, les ikhwa ont leurs propres lieux de rencontre, des mosquées et des lieux de business aux larges ramifications. Leur cible : les jeunes.
Des marchés de la banlieue à Alger-Centre, akh Rachid, vendeur de sachets en plastique, fait dans la hidaya (prédication) auprès des jeunes. Il prêche «la bonne parole». «Ces jeunes ont besoin qu'on leur montre le droit chemin. Nous l'avons fait dans les années 1990, on nous a accusés de radicalisme puis de terrorisme. J'ai passé huit mois dans les camps d'internement du Sud, j'ai été condamné pour tentative de renversement de l'Etat et atteinte à la sûreté de l'Etat ! Pensez-vous que mes frères et moi allons oublier ?», interroge Rachid. Cet ex-militant du FIS, aux côtés de nombreux marchands ambulants des marchés algérois, «recrutent» de nouveaux adeptes en les invitant à assister aux halaqate organisées un peu partout dans les caves des immeubles, mosquées salafistes ou locaux commerciaux.
Fetwa
Cela confirme les analyses de la scène politique nationale, donnant les islamistes comme étant la force la mieux organisée. Abdelwahab, imprimeur installé à Bordj El Kiffan (banlieue est d'Alger), la cinquantaine, s'occupe de l'impression de «polycop», sorte de cours religieux distribués lors des halaqate. Et il est aussi… pourvoyeur de livres et des prêches les plus en vogue dans le milieu. Il n'est pas le seul, puisque Redouane, décodeur de téléphones portables et flasheur de démodulateurs de télévision, scrute les moindres fetwas, communiqués, prêches et autres nouvelles des frères salafistes à travers le monde. Il se définit comme un «relais local». Grâce à sa connexion satellitaire, Redouane télécharge des vidéos, les grave et les distribue à ses frères.
«Il n'y a rien de grave ou de mal à diffuser le savoir et la parole de Dieu, même si mon père, un des dirigeants du FIS, a été condamné pour ça au milieu des années 1990. Je reste fidèle à son engagement et à son combat. Aujourd'hui, les autorités ont compris le bien-fondé de ce que nous faisons, alors il n'y a pas de quoi s'inquiéter.» Redouane est soutenu par un des importateurs les plus connus dans le milieu des affaires algérois. Grâce à sa «générosité», il fournit de nombreuses boutiques en CD à titre gracieux. Nous avons tenté de l'approcher, l'importateur a refusé de répondre à nos sollicitations. Un autre importateur de couvertures et de couettes de Dubaï, prolixe, accepte de nous parler.
Arrangement
«Nous avons été stigmatisés pendant longtemps, accusés de tous les maux de l'Algérie. Aujourd'hui, par je ne sais quel miracle, des politiques viennent nous voir. Certains veulent faire du business avec nous, d'autres nous sollicitent pour apporter notre appui à leur parti. Mais nous restons sur nos principes : pas de politique jusqu'à la réhabilitation de notre parti, le FIS.» Il n'est pas le seul à prétendre cela. Un haut responsable d'une administration publique, sous le couvert de l'anonymat, partage cet avis. «Nous nous sommes passé le mot : pas de politique jusqu'à la réhabilitation de notre parti. Avec l'aide de Dieu, nous parviendrons à reprendre notre place dans la société», affirme le haut responsable. «Oui, mes frères tentent de trouver un arrangement avec les autorités. Il y a quelques noms qui dérangent, mais de hauts responsables civils et militaires les ont assurés d'une possibilité de reprise imminente», croit savoir de son côté un autre cadre, chez Algérie Télécom. «Les choses commencent à se préciser.
Bientôt nous pourrons faire de la politique…», affirme aussi Ali, un ex-militant du FIS, technicien chez Netcom. L'entreprise de nettoyage et d'assainissement d'Alger rassemble dans ses murs de nombreux ex-militants du FIS, qui… partagent la même histoire. «Licenciés par Ouyahia» dans les années 90, «récupérés par les entreprises publiques» après le vote sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Pendant ce temps, les prédicateurs, issus pour la plupart de l'ex-FIS, poursuivent leur mission en Afrique en général, et en Algérie en particulier : combattre les évangélistes. Fouad Eddine, un de ces prédicateurs, revient tout juste d'Adrar. «Je suis outré et choqué par ce que font les évangélistes là-bas, confie-t-il. Je suis venu solliciter mes frères pour l'envoi d'une mission urgente. Combattons les mécréants d'abord, la dawla islamiya viendra après…» n
*Les noms de nos interlocuteurs ont été changés.


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