A Oran, Louisa Hanoune a fustigé le comportement du ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, et d'Ahmed Ouyahia, et a qualifié Ali Haddad d'«ignorant». Lors d'une rencontre avec les cadres de sa formation, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) a une fois de plus pointé du doigt «l'oligarchie qui se substitue à l'Etat. Ce groupuscule de nouveaux riches a ouvert 23 représentations à travers le monde. Nous n'acceptons pas cette diplomatie parallèle». Le président du FCE a essuyé des critiques acerbes : «Le pays se retrouve avec deux Premiers ministres, l'un est officiel pendant que l'autre exerce cette fonction de fait.» «Cet homme est ignorant. Il n'a aucune culture politique et ignore l'histoire récente du pays», assène-t-elle. «Le président de l'oligarchie se met en orbite et fait office d'intermédiaire tant dans les opérations d'octroi de marchés publics de gré à gré que dans l'organisation des circuits de financement bancaires. Cette oligarchie se comporte comme un Etat dans l'Etat», s'emporte-t-elle. «Haddad n'a aucune culture politique» Sur sa lancée, Mme Hanoune répond aux «menaces émises par le chef de cabinet de la Présidence et secrétaire général du RND, visant à faire taire toute voix discordante». «Non Monsieur Ouyahia, nous n'allons pas nous taire», affirme-t-elle. Et d'ajouter : «Vos tentatives de musellement de la société ne nous intimident pas et ne nous impressionnent pas non plus.» Réagissant au feuilleton du complexe El Hadjar, la secrétaire générale du PT a certes qualifié la renationalisation de ce grand site sidérurgique de «victoire des travailleurs», mais a nuancé son enthousiasme en blâmant le ministre de l'Industrie pour avoir «caché la vérité». «El Hadjar a été bradé. Il a été offert sur un plateau d'argent à Mittal, qui n'a investi que 120 millions de dollars en 14 ans avant de remplir ses poches et repartir en laissant une lourde ardoise à l'Etat algérien. La renationalisation a été décidée pour rembourser un milliard de dollars de crédit contracté. C'est l'Etat algérien qui va payer 500 millions de dollars de dettes à la place d'ArcelorMittal qui est gagnant sur toute la ligne», affirme-t-elle. Mme Hanoune a pris ses distances vis-à-vis de la dernière tripartite dont elle a vigoureusement critiqué l'agenda et les visées : «Le gouvernement a offert une avalanche de cadeaux à l'oligarchie en procédant à un siphonage des services publics, en délégant la gestion de ces services publics au privé.» La secrétaire générale du PT a réitéré ses oppositions successives à la loi de finances complémentaire 2015, à celle de 2016 et à la révision du code de l'investissement dont le fil conducteur n'est rien d'autre que «l'octroi de cadeaux à l'oligarchie qui se déclinent par les exonérations des outils fiscaux, notamment la TAP qui ruinera les municipalités». L'oratrice rappelle «les dégâts occasionnés par les suppressions des droits tarifaires via l'Accord d'association avec l'Union européenne et la Zone arabe de libre-échange». Mme Hanoune a aussi renouvelé son objection à l'octroi du fameux et généreux crédit au FMI a rejeté la politique d'austérité du gouvernement Sellal : «Au moment où le gouvernement offre des cadeaux aux riches, il grève et asphyxie le budget des pauvres en augmentant les prix des carburants, de l'électricité et des produits de large consommation.» Dans la foulée, elle confirme son désaccord vis-à-vis du fameux projet de loi sur la santé «porteur d'une régression des acquis sociaux en s'attaquant à la gratuité des soins et en démantelant la Sécurité sociale». «L'ETAT EST EN DANGER» Commentant l'actualité, la première responsable du PT a dénoncé la répression dont est victime la chaîne privée El Watan DZ dont la fermeture a été qualifiée de «dérive inacceptable». Sur sa lancée, elle a fustigé «le démantèlement de l'élite du DRS dont 13 généraux ont été spectaculairement limogés». «L'Etat est en danger car le DRS est sa colonne vertébrale. On a démantelé le DRS qui est pourtant le cerveau de la lutte antiterroriste, de la lutte contre le crime organisé et la corruption», déplore-t-elle. Mme Hanoune a pris la défense du général à la retraite Hocine Benhadid dont l'arrestation est qualifiée de «règlement de comptes». «L'ancien général n'a pas diffamé l'armée. Il a fait une lecture des événements et cela relève du droit d'émettre des opinions», considère-t-elle. «Où sont les puissances étrangères qui critiquent les carences de droits de l'homme en Algérie ? Le silence de ces puissances, notamment l'ancien colonisateur, devant toutes ces dérives est une preuve d'un marché conclu entre les multinationales et l'oligarchie algérienne pour piller le pays», analyse-t-elle. Pendant son discours, Louisa Hanoune a également dénoncé le silence du pouvoir face à la responsabilité totalement engagée des autorités saoudiennes suite au drame qui a coûté la vie à 33 hadjis algériens lors de la bousculade survenue à Mina, près de La Mecque.