En arpentant les rues de la ville, le citoyen lambda se voit interpellé par les travaux viciés entrepris par certains permissionnaires de voirie dans les espaces publics. Des entrepreneurs ou des prestataires, engagés par des maîtres d'œuvre pour la réalisation, l'aménagement, le réaménagement ou la réfection de tel ou tel ouvrage, nous édifient sur l'exécution de leur besogne mal conçue, faite dans la hâte et très souvent bâclée. Ces intervenants dans la voie publique trouveront toujours des échappatoires pour justifier le travail traité par-dessous la jambe. Ils n'hésiteront pas à brandir la parade bateau pour dégager leur responsabilité, en pointant du doigt ‘'l'autre'' qui, à son tour, incombe les malfaçons à celui qui l'a précédé. La netteté du travail et l'excellence du goût sont loin d'être leur apanage et les services de contrôle dont ils relèvent ne voient pas, eux aussi, l'utilité de les rappeler à l'ordre. D'aucuns peuvent voir dans ces défectuosités, ces travers ou ces constats de carence de futiles détails et d'erreurs vénielles sur lesquels il n'y a pas lieu de s'attarder. Et pourtant, tant de personnes, grands et petits, hommes ou femmes, se sont fait surprendre par ce travail de laisser-aller. Elles ont fait les frais de la bricole des intervenants peu enclins au devoir bien exécuté, en ayant les quatre fers en l'air, à cause de gouffres mal remblayés, de revêtements médiocrement réalisés, de bouts de barre et de gros boulons qui surgissent de terre, des morceaux de câbles électriques que vomissent les poteaux d'éclairage public, des conduits d'eaux usées sans couvercles ni grilles, des piquets érigés çà et là et qui servent de crocs-en-jambe, des ballonnements d'asphalte qui jalonnent le macadam, … La liste des tares relevées dans notre espace public n'est pas exhaustive. En clair, le travail expéditif est criant et ne nous édifie pas moins sur ces mains qui méprisent la belle ouvrage. Il y a quelques jours, des agents de Netcom, qui s'entortillaient à fixer des paniers poubelles aux poteaux, n'avaient pas trouvé mieux que d'utiliser du fil de fer tranchant au lieu de maintenir ce mobilier urbain avec une accroche métallique appropriée. Tout près de la scène, un agent d'Edeval, en porte-à-faux avec l'abécédaire du boisement, s'attelait à mettre en terre un jeune plant sans juger utile de l'arroser, ni le protéger avec corset, encore moins biner la terre. Un travail, pourtant noble que le tâcheron assimile, sous l'œil complice de son chef, à une corvée. Faute de plaisir et d'amour du travail bien fait, l'on est invité à reprendre, à juste titre, cette citation de Scott Adams : «Rien n'est plus efficace pour faire fuir le travail que la pure incompétence.»