A la veille du coup d'envoi de la campagne électorale, les états-majors des partis politiques n'omettent pas aussi de discuter finance. Il est question de « budgétiser » les frais liés aux législatives 2007. Reste que l'argent demeure tabou chez les formations politiques, surtout les grosses cylindrées. En effet, aucun parti n'a jugé utile d'étaler ses dépenses avec exactitude (à propos de la campagne législative) au grand public même s'il faut reconnaître au FLN une relative transparence. L'on se contente de souligner que la campagne sera coûteuse et que le parti, seul, ne pourra jamais y faire face. Pour le commun des Algériens, les partis les plus riches sont ceux qui siègent dans l'Alliance présidentielle, à savoir le FLN, le RND et le MSP. Le plus riche d'entre eux, le FLN, assure que les rentrées d'argent proviennent essentiellement des nombreux militants. Ils sont 400 000 à adhérer à l'ex-parti unique, ce qui constitue une manne financière considérable, indique-t-on au FLN. Les adhérents participent à hauteur de 400 DA par an, les étudiants et les chômeurs versent 200 DA par an. Quant à la quote-part des ministres, députés et hauts cadres, elle est de 50 000 DA par an. revenus du FLN atteignent ainsi 14 milliards de centimes, auxquels s'ajoutent près de 4 milliards de centimes attribués par l'Etat grâce à ses 199 députés (20 millions de centimes pour chaque élu). « Les dépenses du parti sont bien précises, comme l'organisation des séminaires, l'hébergement et la restauration », souligne-t-on au parti, sans savoir ce que celui-ci consentira comme somme exacte pour la campagne électorale. Quant au RND, comme il a été signalé dans une édition récente de notre supplément économie, il est difficile d'évaluer l'escarcelle. On ne connaîtra pas le nombre d'adhérents sauf que le « parti prélève chaque année un mois de salaire à chaque député, que les adhérents participent à hauteur de 200 DA par an (50 DA pour les chômeurs et les étudiants) et que les ministres et les hauts cadres versent 55 000 DA au parti », selon Miloud Chorfi, chargé de la communication du RND. Il faut dire que les deux partis, à l'instar du MSP, accueillent de nombreux hommes d'affaires dans leurs rangs. « Des mannes financières conséquentes pour ces partis mais elles ne sont pas toujours versées sans contrepartie », relève un universitaire, spécialiste des partis politiques. Du côté des partis « pauvres », il y a lieu de citer le RCD, partant pour les législatives. Le parti de Saïd Sadi, absent dans l'APN sortante, « doit se débrouiller » pour assurer sa campagne électorale. « Les bureaux de wilaya prennent des initiatives en se conformant à la loi. Les candidats sont aussi impliqués dans le financement de la campagne », nous a indiqué Mohsen Bélabès, porte-parole du RCD. L'ANR, parti de Rédha Malek, n'est pas mieux loti. Ce parti qui se réclame du pôle démocratique et qui a « embarqué » sur ses listes des candidats issus de l'UDR (parti de Amara Benyounès, non encore agréé à ce jour) dit compter sur les « amis » chefs d'entreprise et sur les contributions des candidats. « Nos bureaux de l'intérieur du pays ont fait un travail de proximité de telle manière à ce que notre discours puisse sensibiliser les chefs d'entreprise et les citoyens. Nos revenus sont faibles. L'ANR a besoin de sponsors », relève Lakhdar Neddas, secrétaire national chargé de la communication. Le collaborateur de l'ex-négociateur d'Evian souhaiterait aussi que les règles du jeu soient les mêmes pour tous les candidats. « Nous aurions aimé voir les ministres candidats démissionner, sinon il faudrait trouver un cadre afin d'empêcher ces candidats d'utiliser les moyens de l'Etat lors de la campagne électorale ».