L'opposition, qui exhibe le nombre de morts en 16 mois (17.000 personnes), demande une action internationale urgente sous le chapitre VII de la charte de l'ONU. Et pour faire cesser la répression et pour chasser le régime Al Assad avant la transformation de la situation actuelle en conflit confessionnel. Le Ghanéen qui a convenu d'une nouvelle « approche » avec le président syrien Bachar al-Assad après des « discussions très franches et constructives », a repris son bâton de pèlerin. Selon Sana, l'agence syrienne, cette « approche » qui serait un ensemble de « mécanismes » à mettre en place si on veut « faire baisser le niveau de violences en Syrie, jusqu'au rétablissement total de la sécurité » et « mener un dialogue entre les Syriens et dirigé par les Syriens », l'émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe compte la soumettre aux rebelles. Comme pour montrer sa détermination à aller de l'avant, en dépit de l'opposition des Européens et Américains, M. Annan s'est rendu pour la première à Téhéran et Bagdad pour voir comment ces deux capitales pourraient lui « prêter main forte ». Et pour cette nouvelle approche qui intégrerait la formation d'un gouvernement de transition et pour le plan de paix en six points qui doit être appliqué « d'une manière plus efficace ». Les Iraniens et les Irakiens, qui n'ont jamais caché leurs hostilités à toute ingérence étrangère chez leurs voisins syriens, soutiennent le plan onusien. « Nous attendons de M. Annan qu'il mène son action jusqu'au bout », disent-ils, ravis certainement de constater que le centre de gravité de la décision géostratégique sur la Syrie se déplace vers l'Est. Au grand dam de Washington, Paris et Londres. Moscou, qui souhaite accueillir une nouvelle réunion du « Groupe d'action » sur la Syrie en présence de l'Iran et de l'Arabie Saoudite, s'apprête à recevoir aujourd'hui une délégation du Conseil national syrien, la principale coalition de l'opposition qui a rappelé hier pour la énième fois son refus de toute négociation sur une transition avant le départ du président contesté. Dialogue de sourds en perspective ? Pas évident. Réunie au Caire, l'opposition a tenté de montrer un visage plus uni en se mettant d'accord sur les termes d'un « pacte national » axé sur la Syrie de demain. « Nous allons surmonter nos divergences par le dialogue », veut croire Abdel Basset Sayda, le président du CNS. Les Russes comptent saisir cette réunion pour mettre en garde tout le monde contre le « risque de voir la crise syrienne qui a déjà débordé au Liban, échapper à tout contrôle et s'étendre à la région ». Comme concession au CNS, Moscou annonce qu'elle ne conclura pas de nouveaux contrats d'armement avec Damas tant que la situation ne sera pas stabilisée en Syrie.